Des jours et des nuits de colère, de pavés et de feu à Charleroi

Le 1 avril, Sandro, âgé de 27 ans, est mort lors d’une interpellation brutale par la police à Gilly, une commune de Charleroi. Les tensions sont vite montées, d’autant plus que pleins de passants ont vu l’interpellation et qu’il était clair pour tout le monde que le cœur de Sandro a arrêté de battre sous les coups des policiers.

A peine quelques heures après ce meurtre d’Etat, des jeunes masqués commencent à jeter des pavés contre des patrouilles de police. Des véhicules de la police et des voitures privées des agents dans la rue et devant plusieurs commissariats sont cassées à coups de barre et de pierres. Tôt le soir, le commissariat de Gilly se mange quelques cocktails molotov.

Le lendemain, la journée commence bien, avec des attaques en règle contre les commissariats de Gilly et de Lodinsart par des gens masqués armés de pierres et de barres de fer. Le soir, les enragés s’affrontent pendant des heures avec la police, qui a fait venir des renforts et une autopompe de la police fédérale. A côté, des petits groupes brûlent des véhicules partout, à Gilly et aux alentours, notamment sur les parkings des supermarchés, et cassent systématiquement les vitres des commerces et des institutions comme les Mutualités Socialistes. Cette nuit-là, des véhicules flambent aussi ailleurs en Belgique, notamment à Liège et à Bertrix.

Le dimanche 3 avril, les enragés écument les rues en petits groupes. Des poubelles et quelques voitures sont transformées en torches de rage, les vitres des commerces sont brisées. Le lendemain, dans plusieurs communes de Charleroi, des véhicules et un bulldozer sont incendiés. Entretemps, la police fédérale a militarisé la commune de Gilly, mais les enragés, à quelques arrestations administratives prêt, réussissent à rester hors des griffes des chiens de garde de l’Etat.

La semaine d’après, un autre jeune décède lors d’une interpellation dans des circonstances similaires. Dans la presse, on évoque de « la cocaïne d’une trop haute qualité » qui provoquerait des attaques cardiaques quand elle est prise à trop forte dose – une pitoyable tentative pour légitimer le monopole étatique de la violence.

Et les voitures continuent de flamber. Un conteneur d’un chantier est brûlé et, ici et là, des cocktails molotov sont jetés contre des commerces et des bâtiments officiels. Après dix jours de troubles, la presse annonce que les tensions sont en train de diminuer… Quelques heures plus tard, tôt en soirée, des inconnus jettent des cocktails molotov contre un combi garé sur la route (les agents avaient juste tourné le coin pour une « intervention »). Il leur semble plutôt difficile de faire en sorte que l’ordre règne… alors, jetons d’avantage d’huile sur le feu.