Contre la construction d'une
maxi-prison et tout ce qui nous opprime
L’État veut construire 13 nouvelles
prisons, dont une au nord de Bruxelles, à Haren. Soi-disant pour
fermer St gilles et Forest. Ce projet nous fout la rage ! La
taule de Haren sera la plus grande prison jamais construite en
Belgique. Elle pourra enfermer au moins 1200 personnes, et
concentrera la plupart des régimes carcéraux qui existent : des
femmes, des mineurs, des prévenus en attente de jugement, des
personnes sous internement psychiatrique. Et même un tribunal pour
ne plus avoir à faire de transferts.
Nous luttons contre ce projet parce que
les taules nous font horreur, que nous ne voulons d'aucune prison,
pas même des nouvelles hyper modernes et des mensonges
d'humanisation qui vont avec. Ils veulent nous endormir avec leur
discours, mais une cage reste une cage. Les prisons, servent à
enfermer ceux qui nuisent au pouvoir. Ils sont privés de leur
liberté de mouvement et parqués comme des chiens, cachés derrière
des murs, pour bien nous faire comprendre ce que ça coûte de pas
respecter les lois. Régulièrement, des personnes sont torturées
par les matons qui se croient tout permis. La loi couvre les
tabassages, et les scandales qui éclatent de temps à autre le
prouvent bien. L'Etat se garde le monopole de la violence pour nous
maintenir sous contrôle et que nous restions de bon petits citoyens
obéissants et travailleurs. Et les autres finiront au trou!
Nous ne luttons pas pour «
dénoncer les mauvais traitements », ni exiger de meilleurs
conditions de détention, une meilleure police ou un capitalisme
moins brutal. On n'a aucun espoir que l'Etat nous écoute, on n'a
rien à attendre ni à demander. Que ce soit en Grèce ou en Espagne,
y'a des milliers de gens dans les rues, qui expriment leur dégoût
et leur colère, et l'Etat leur envoie les keufs et multiplie les
mesures d'austérité. En vrai, la répression devient de jour en
jour plus présente, et le pouvoir lui, renonce à aucun de ses
projets pour faire toujours plus de fric. On licencie des milliers de
personnes d'un côté, et on construit des taules de l'autre. La
crise c'est pas dans le sécuritaire, on pourra devenir maton,
vigile, ou contrôleur! Mais si on mange pas de ce pain là, et qu'on
choisit la débrouille en marge de la loi, ce sera p'têt les anciens
collègues de boulot qui auront les clés de notre cellule...
On est tellement scotché dans la
survie que c'est dur de capter ce qui se trame. Et ça, c'est tout
sauf un hasard. On est tellement moins dangereux abruti par le taf,
la télé et les pubs! Obligé de trouver du fric, de travailler pour
payer notre vie de galérien, notre loyer toujours trop cher pour un
espace minuscule, notre bouffe pleine de poisons. On nous bourre le
crâne jusqu'à ce qu'on trouve ça normal de passer notre vie à
taffer et à se consoler en achetant des télés, des portables et
des fringues. On veut nous dresser à coup de propagande. Citoyens
par ci, intégration par là, droit de vote, « liberté
» de manifester, « liberté » de s'exprimer. On nous
a tellement répété que la démocratie c'était mieux que la
dictature qu'on n'ose même plus réfléchir à ce que ça veut dire
« liberté » . Mais qu'est ce qu'on attend ? Des
gens torturés à mort par les keufs, ou qui se font tabasser
salement en manifs, y'en a déjà. Des caméras pour nous surveiller,
y'en a déjà. Et des flics avec des uniformes de toutes les couleurs
à tous les coins de rue pour que ça fasse pas trop peur aux
touristes, aussi. Y'a tout un paquet de prisons qui se prépare! Tout
est mis en place pour qu'on accepte bien gentiment de faire tourner
ce monde de merde.
Y a pas de mot suffisant pour décrire
ce qu'on subit tous les jours. Tout le monde en bave, c'est chacun
pour soi alors que tout le monde galère. Mais tant qu'on est vivant,
on a la possibilité de reprendre sa vie en main. Comme en Egypte ou
en Tunisie, un petit accrochage peut embraser la ville. Tous les
pouvoirs gardent bien en tête que ça peut péter d'un moment à
l'autre. Ceux qui ont la puissance et le fric ne sont pas prêts à
lâcher leurs privilèges. Ils font tout pour écraser les
possibilités de révolte, parce qu'ils savent très bien que leur
pouvoir n'est pas indestructible. Ils voudraient canaliser nos rages
pour qu'on respecte les "lois" et "la démocratie",
et qu'on perde notre temps avec des partis politiques ou des
syndicats, à faire semblant d'améliorer le quotidien. C'est juste
une façon de plus pour qu'on reste calme, et que toute cette colère
qu'ils créent ne se transforme pas vraiment en menace. Mais on n'a
pas besoin de ça. On n'a pas besoin de chef, pour nous dire quoi
faire et comment, même si on arrête pas de nous faire croire que la
hiérarchie c'est indispensable. On peut décider pour nous mêmes.
On peut très bien s'organiser, en se rencontrant, et même en petit
nombre, discuter de tout ce qui peut être fait.
Parce que cette nouvelle taule va pas
seulement nous compliquer la vie.
Parce qu'elle va aussi rajouter une
couche de souffrance, puisque ce sera 1200 personnes en plus dans les
cages de l'Etat.
Parce que la vie s'annonce de plus en
plus difficile, et que de plus en plus de personnes vont se retrouver
avec la menace de la taule au dessus de leur tête.
Parce que le pouvoir a besoin de cette
taule pour nous faire peur et qu'on se tienne tranquille.
Cette prison ne sera pas construite sur
notre résignation. Ce chantier peut être empêché, mais surtout,
le pouvoir est partout autour de nous, et partout où il est, il peut
être attaqué. Il n'y aura jamais assez de flics pour surveiller
tout qui permet à la ville de nous étouffer. Soyons ingouvernables,
et attaquons tout ce qui nous détruit!