Mais c'était qui encore, qui avait commencé la crise?
De 2008 jusqu’à aujourd’hui, depuis près de cinq ans maintenant, c’est la crise. Les médias assouvissent leur faim de nouvelles avec elle, les politiciens ne font que parler de ça, les dirigeants des entreprises s’en plaignent “avec raison”. Qui crise ?, quoi crise ?, ose-t-on alors se demander de temps en temps. En effet, l’économie tourne pourtant à toute vitesse, comme en témoignent les profits colossaux qu’encaissent les actionnaires, et les salaires vertigineux que les managers empochent. De même, le capitalisme reste fermement debout comme un dogme incritiquable, et les politiciens bêlent tous le même refrain : austérité, tout le monde au travail, continuer sur le même chemin sans se retourner. On voit bien là que cette société ne connaît ni crise économique, ni crise politique ou idéologique. Mais alors, elle est où cette fameuse crise? Car il y a bel et bien une crise, toutes les vaches beuglantes sont d’accord sur cela. La crise, c’est même le prétexte qu’ils invoquent pour couper dans les allocations de chômage, pour licencier autant dans le public que dans le privé.
S’il n’est peut-être pas très clair où se trouve cette crise, en tout cas les puissants trouvent clairement que les coupables, ce sont les pauvres. Comme ils coûtent trop à l’économie, l’Etat supprime les allocations, envoie des huissiers pour aller récupérer les arriérés, bricole avec les salaires minimums, diminue les taxes sur les salaires, afin que les dirigeants des entreprises puissent empocher plus. Entre-temps, la différence entres les plus riches et les plus pauvres n’a jamais été aussi grande dans l’histoire récente.
Tout cela devient chaque jour un peu plus dégoûtant. En 2008, quelques secteurs économiques se retrouvent en difficulté. Le secteur financier mondial -et dans certains pays le secteur immobilier- a joué à des jeux dans lesquels il se mord maintenant les doigts. Mais comme il n’avait pas l’intention de subir ces pertes, ça non, les puissants ont préféré les reléguer à d’autres. Notamment à quelques gouvernements dont les déficits étaient trop élevés, selon l’avis de ce même secteur financier, des gouvernements qui ne devaient donc plus trop compter sur des crédits provenant de ce secteur.
Bref, il y a quelques dettes à rembourser. Et qui va le faire? « Hum, » se sont dit les puissants de cette planète, « les pauvres ! On l’appellera crise, un bon prétexte pour imposer encore quelques réformes économiques qui nous permettront, sur la longue durée, de faire plus de profits! »
Ces réformes économiques, au nom de la crise, visent à rendre les gens plus dépendants du travail salarié pour survivre, et les obliger ensuite à effectuer un travail misérable pour un salaire misérable. Car on le sait, il faut être compétitifs par rapport à des pays comme l’Espagne, où les gens désespérés acceptent n’importe quel type de boulot, ou comme l’Allemagne, où le travail forcé est de nouveau à la mode dans la tête des dirigeants (travail obligatoire en échange d’une allocation misérable).
Il est temps qu’advienne la véritable crise de ce système. Et la cause n’en sera pas un enchevêtrement mystérieux et indémêlable, mais simplement un acte : le sabotage.