Début mars, un
bâtiment appartenant au constructeur de prison Eiffage à Exincourt
(France) subit de grosses dégâts. Le(s) incendiaire(s) auraient
allumé le feu dans le garage, là où se trouvaient les engins de
chantier. De là, les flammes se sont propagées à tout l'entrepôt.
Cette attaque contre
Eiffage en France a aussi une signification pour nous ici en
Belgique. Tout d'abord parce qu'une belle attaque contre un
constructeur de prison n'importe où dans le monde est une bonne
chose, mais aussi parce que cette entreprise de construction est
aussi active en Belgique. Eiffage (sa filiale plus présente ici se
nomme Valens) a construit le tout dernier camp de déportation pour
sans-papiers à Steenokkerzeel, le Caricole, tout comme la nouvelle
prison à Marche-en-Famenne. Ces deux prisons sont connues pour
l'ambiance étouffante qui y règne. On dit "prison humaine",
mais quand tu ne sais même pas ouvrir la fenêtre de la cellule il
semble quand même qu'on se trouve plutôt sur une planète remplie
d'êtres mortes.
A travers l'histoire,
le sabotage a toujours été une arme des opprimés contre leurs
oppresseurs. Aujourd'hui, nous vivons dans une époque où tout
semble changer ultrarapidement. Les caméras poussent sur le sol
comme des herbes estivales après une bonne averse, les flics se
multiplient comme des lapins, le gouvernement fait passer une loi
répressive après l'autre. On nous interdit de continuer à vivre,
et si nous décidons de le faire quand même, les nouveaux comicos et
les nouvelles prisons nous attendent. Comme tout cela est très
agressif et intense, on peut avoir l'impression qu'on n'y peut rien
et qu'il faut mieux se résigner à attendre à ce que ça passe et à
ce que viennent des temps meilleurs. Mais non, non! Car des temps
meilleurs ne viendront uniquement si des gens se battent pour! Jamais
les puissants nous offriront des temps meilleurs, toujours c'est à
nous de se battre pour!
L'attaque est le
langage de celui qui refuse de négocier avec son oppresseur les
conditions dans lesquelles il doit survivre. C'est le langage de
celui qui en a gravement marre de devoir survivre dans une cage et
qui place sa griffe dans le visage de ceux qui l'enfermement.
L'attaque n'est pas douce, c'est la conscience que le dialogue n'est
pas une option, que l'oppression ne finira que quand on arrête
d'être gentil avec son oppresseur, quand on arrête d'être esclave.
Cela est l'histoire de tous les opprimés en révolte à travers
toute l'histoire, jusqu'au jour d'aujourd'hui où le soulèvement
enragé et solidaire des opprimés chasse des dictateurs.
La prison et toute la
toile d'araignée de la répression ressemble à un moloch qui écrase
des gens et qui est intouchable. Et pourtant... Quand on s'approche
pour examiner un peu comment tout fonctionne, on constate que c'est
une machine, une machine qui consiste d'engrenages et que ces
engrenages, on peut les saboter. Ce qui s'est passé en France nous
le montre.