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“Ce n'est pas clair ce qui leur prend”, déclare la voix lundi soir dans le journal. Des jeunes ont attaqué un commissariat de police à Saint-Gilles, ils ont mis le feu aux voitures, ont jeté des pierres et des cocktails molotovs, ont versé de l'huile sur la voie, ont détruit des voitures de police. “Possiblement, ça pourrait, éventuellement, qui sait, avoir à faire avec la mort du gangster ce matin. Il habitait près de la place Bethléem, et c'est là qu'ont commencé les échauffourées cet aprèm. Cependant, nous ne sommes sûrs de rien, ça reste un pur pari, pas plus que ça.”
C'est clair ce qui leur prend, 29 ans, une balle de la police, et puis c'était fini, sa vie. Son compagnon qui a sauté d'un pont de 20 mètres, lutte pour la sienne à l'hôpital.
Ce n'est pas difficile de comprendre ce qui te prend quand tu vas chercher l'argent où ça se trouve. Ras le bol des files d'attente, des humiliations, du travail d'esclaves, ras le bol de la vie sur des voies sans issues. Jusque là, c'est clair.
Mais qu'est-ce qui leur prend, à ceux qui tirent sur des braqueurs comme ils chassent le fauve? Tolérance zéro, un sauf-conduit pour tirer, ce sont les défenseurs de la loi, et si t'as des yeux, tu ne peux plus le manquer: ça déborde de tous côtés, ça échappe au contrôle. Et les banquiers et les bijoutiers en ont marre de voir disparaître l'argent sous leurs nez.
Mais qu'est-ce qui leur prend, à ceux qui restent chez eux quand ça pète contre une société qui nous humilie et veut que nous acceptons tout, comme des chiens mendiants la pitance. Quand tout ça saute : notre patience, notre cœur, notre tête. Quand la démolition des murs, tous les murs, qui nous enferment nous fait redécouvrir ce que c'est de vivre. Engager le conflit avec la société qui nous vide, nous dessèche et nous étouffe, pour redécouvrir ce que notre vie vaut. Quand nous prend le désir de vivre, la tête haute.