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Nous nous le rappellerons encore longtemps, ce 1er octobre. Pendant un mois, des milliers de tracts et d’affiches avaient été distribués et collés dans les rues. Le mot avait bien tourné, il y aurait une manifestation contre les centres fermés et contre les prisons à la Gare du Midi bruxelloise. Une occasion de descendre ensemble dans la rue, ensemble avec tous ceux, venus de partout et de nulle part, dont le sang bouillonne à la simple vue de murs, de barbelés, de juges et de matons et dont le cœur est amoureux de la liberté. La police a cherché à faire tout pour écraser cette occasion. Ce soir-là, non seulement la police anti-émeute était considérablement présente autour du lieu de rassemblement, mais aussi dans les quartiers populaires tout comme autour des prisons de Forest et de Saint-Gilles et des stations de métro. En plus, un décret spécial interdisait tout rassemblement de plus de cinq personnes.
Ce soir-là, beaucoup ont été déçus de cette occasion manquée. En plus, presque deux cents personnes ont été arrêtées préventivement en s’approchant de la gare. A la caserne, beaucoup d’entre eux ont été humiliés, menacés, frappés et maltraités. Ce soir-là, le commissariat des Marolles en paie en partie les conséquences. Assailli par cinquante personnes masquées, ses vitres volent en éclat, les voitures des flics garées devant sont mises hors service et deux flics sont blessés. Plus tard, quatre compagnons ont été arrêtés dans les environs et se trouvent actuellement toujours en détention préventive, accusés d’avoir participé à l’attaque qui, disons le clair et haut, a visé juste.
Deux jours après, des centaines de prisonniers à Lantin se mutinent quand la direction supprime les visites. Vitres cassés, infrastructures endommagés, affrontements avec les flics qui interviennent massivement.
Une semaine plus tard, des prisonniers à Tournai répondent de la plus belle des manières à la grève des matons qui exigent d’avantage de sécurité : ils se révoltent, causent des gros dégâts à la prison et tentent d’y mettre le feu. Une heure plus tard, un commissariat non loin, attaqué à coups de cocktails Molotov, fait écho à cette mutinerie en la portant dans la rue.
Huit jours plus tard, des explosifs sont balancés en haut du mur de la prison de Mons. Quelques détenus s’en servent pour tenter d’exploser la porte et le mur, ce qui malheureusement échoue. Des dizaines d’autres prisonniers qui se trouvaient au préau s’apprêtaient déjà à respirer à l’air libre.
Deux semaines plus tard, une grève des matons de Bruges est accueillie avec un incendie volontaire dans les cellules du bloc d’isolement de la prison. Vingt détenus sont évacués, les dégâts sont considérables, cette prison à l’intérieur de la prison semble être fermée. Le lendemain, aussi d’autres sections de la prison se soulèvent. Ils cassent ce qu’ils peuvent casser et il fallait l’unité d’intervention spéciale pour réprimer les émeutiers.
Et entre temps – mais que nous importent le temps quand nous nous l’approprions dans la révolte – une fois de plus, une vague d’attaques frappent dans la rue les entreprises qui se font du fric avec les prisons et les centres fermés.
Que dire ? Que dire à l’Etat qui pensait freiner et paralyser la lutte dans et contre ses geôles en mettant plus de flics, en construisant plus de prisons ? Rien. Nous n’avons toujours ressenti que du mépris à son égard. Nous éprouvons une rage qui nous incite à le combattre avec toutes les armes que nous pensons adéquates, hier comme aujourd’hui, chargés d’un désir de liberté.
Face aux incarcérations de nos compagnons, face aux incarcérations de vos proches, face aux incarcérations tout court, rassemblons notre courage. Le froid de l’automne qui approche ne saurait pas nous faire oublier qu’une étincelle suffit à mettre toute la prairie en feu.