Sommes-nous fous de se révolter ? (Courrier de la prison

Les matons de la prison de Jamioulx avaient déposé un préavis de grève pour le 23 décembre parce que le prisonnier Farid Bamouhammad serait agressif verbalement. Dans les autres prisons, les matons se plaignent de lui parce qu’il serait violent physiquement. Depuis quelques temps, Farid a une maladie ; ses muscles s’atrophient perdant ainsi sa souplesse et agilité, conséquence de tant d’années passées dans des cellules d’isolement. Alors, maintenant, parce qu’un détenu parle trop fort, ces messieurs font grève. Je croyais que lorsque l’on choisit ce métier, c’est pour garder des « méchants », maintenant, ils demandent le droit de garder les détenus selon leur degré de dangerosité à leurs yeux. Avant, ils avaient peur de l’agressivité physique de détenus, aujourd’hui parce qu’ils parlent trop fort. Demain ils refuseront et se mettront en grève parce qu’un maton ne supporte pas les pets d’un détenu, parce qu’il aura une sale gueule. Alors, ils voudront d’avantage des quartiers spéciaux comme à Lantin ou Bruges où là, les matons se comportent en véritables nazis (gants en cuir pour mieux cogner par exemple, comme à Lantin). En fait, ces fachos désireraient que l’on élimine physiquement les emmerdeurs. Combien de morts suspects à Lantin, Forest, Andenne,… ? Toutes ces morts cachés en suicides ou maladies…

Ceux qui ont choisi ce métier de garde-chiourme se croient-ils dans une colonie de vacances ? En face d’eux, ce sont des exclus de la société, la prison est un monde de violence, les détenus ne sont pas des colons. En fait, tant que ces fachos peuvent cogner, humilier, torturer, assassiner sans risque, ils ne disent rien, mais dès qu’ils en ont face d’eux des individus résistants, des révoltés, des anarchistes qui n’ont pas peur d’eux, alors là on y va, c’est la grève, les larmes dans la presse et devant les micros ! A Forest, un maton trafiquant, peau de vache, après s’en être pris à un prisonnier anarchiste, retrouve son nom tagué sur les murs de Bruxelles ! Panique, le maton, la prison portent plainte contre le prisonnier. Ce même prisonnier, ayant dénoncé des matons tortionnaires à la prison de Mons, est condamné à trois mois ferme et une amende. Mais si un maton tabasse, humilie, torture, tue, c’est le silence total et les plaintes finissent à la poubelle.

Farid est un révolté, un homme qui ne se laisse pas faire. Pour ceux qui l’ont connu en prison, il a vécu des années seul, en isolement total. Farid se révolte contre les privilèges de certains détenus lèche-cul avec la direction, contre les matons tortionnaires. On le traite de fou ! Il est fou de liberté, de haine contre la prison, contre les collusions matons-détenus. Alors facile de le faire passer pour un dingue. Ceux qui s’associent avec les matons pour le trafic, qui passent leur temps à écouter des prières, à prier, qui prêchent la morale aux autres, là oui, ce sont de bons détenus. Mais celui ou ceux qui revendiquent le droit de voler des voleurs ; banques, hypermarchés, gros capitalistes, non ! Eux sont des emmerdeurs. Farid, tu n’es pas tout seul.

Un Ringolévio en colère