Dimanche 29 mai, environ trois cent personnes ont assailli et détruit un champ de pommes de terre à Wetteren, près de Gand. Il ne s’agissait pas de n’importe quel champ, mais d’une expérience de recherche de plusieurs institutions étatiques, où des scientifiques bricolent et jouent avec la génétique des pommes de terre. Une noble cause selon les intéressés. Les nouvelles pommes de terre seraient alors résistantes au mildiou, une maladie qui touche ces plantes et « nécessite » l’utilisation de marées de pesticides. Chouette, se dirait-on, ces scientifiques lubriques du progrès se sont mis à réfléchir sur notre santé, et cherchent des manières pour éliminer ces pesticides toxiques. Evidemment, ce n’est bien sûr pas cela qui les intéresse. L’Etat investit des millions d’euros dans cette recherche, parce que ces marées de pesticides coûtent aussi des marées d’argent, et que le mildiou freine les chiffres de la production. Ils pensent au progrès de l’économie, rien de plus, rien de moins.
Un autre cas n’est pas moins exemplaire. A Zwijnaarde, à une vingtaine de kilomètres de Wetteren, ils s’amusent à vasouiller avec l’ADN des peupliers, convaincus qu’avec ces énormes arbres, ils pourraient créer une nouvelle espèce qui rapporterait plus pour la production de bois et de papier. Et à chaque fois, c’est la même chanson. Même dans le domaine de la lutte contre le cancer (car je te vois déjà douter), les autorités investissent des sommes hallucinantes dans la recherche pas tellement pour éradiquer la misère humaine que comporte le cancer, mais parce que garder tous ces malades plus ou moins vivants grève les budgets. Et qu’à long terme, ils voudraient bien en finir.
Nous soutenons totalement la destruction de ce champ à Wetteren, parce que nous sommes convaincus que c’est la seule chose sensée à faire contre cette logique manipulatrice du progrès : la détruire, l’écraser, l’extirper jusqu’à la racine.
A côté du fait répugnant que toutes ces trouvailles scientifiques sont inconditionnellement au service de l’économie, elles comportent aussi en soi des conséquences nuisibles pour notre liberté. Car plus tout devient compliqué, et moins chacun peut encore le comprendre, et alors plus nous sommes soumis à une petite horde de techniciens et à l’Etat pour prévenir des désastres. Le progrès renforce ainsi par définition le contrôle que le pouvoir a sur nos vies. Tu te souviens encore des images de Fukushima, juste après la catastrophe nucléaire ? Ca ressemblait une zone de guerre. Les uniformes y variaient de blanc à vert, mais il fallait être aveugle pour ne pas voir là une occupation.
En poussant toujours plus loin ces technologies, notre environnement est irréversiblement violé. Quand en plus ça commence à carrément prendre une mauvaise tournure, toute vie est étouffée. Arrivent alors l’Etat et ses scientifiques (avec des bodybags et des mitraillettes) comme gestionnaires de la crise, comme des sauveurs venus du ciel. Chouette ! Tout le monde semble alors avoir oublié un petit détail : c’est justement eux qui sont responsables de l’existence de cette folie.
Il existe suffisamment de raisons pour combattre la technologie. A un rythme effréné, elle détruit la nature et nous condamne en passant à devenir prisonniers du progrès et de la clique des scientifiques et des puissants qui la dirigent.
Les propriétaires de la recherche expérimentale à Wetteren, dont l’université de Gand, ne semblent pas être trop contents de ce qui s’est passé. Ils ont dénoncé les assaillants du champ comme « une bande de fondamentalistes », et ont solennellement promis de persécuter ces cosaques sans merci. On n’aurait rien attendu d’autre de leur part. En tant qu’amants zélés du système, ils maudissent leurs adversaires. Ils cherchent des manières pour nous effrayer, nous décourager, nous casser. Mais vous inquiétez-pas, il en va de même de notre côté de la barricade, les gars.