Gardien m. : flic raté, bouffeur de trousseau, tortionnaire, salace de pouvoir, abruti total etc.
Le seul syndicat en Belgique qui n'abandonne jamais sans avoir obtenu un compromis à la table des négociations est certainement le syndicat des gardiens. Il reste toujours debout, il mène des actions, il est toujours prêt à revendiquer plus de fric et moins de pression au travail, il obtient plus de journées de grèves payées que de journées de travail et manque rarement d’avoir ce qu’il demande. Un exemple pour le prolétaire enragé ? Nullement. Car les rêves du syndicat des gardiens sont nos cauchemars. Quand des gardiens font grève, c’est toujours à nous d'en payer les frais.
Une grève des gardiens signifie 24h sur 24 enfermé en cellule. Pas de douches, ni de promenades, ni d’activités, ni de visites, ni d’acquittements potentiels. Lors de leurs grèves, la police reprend le contrôle de la prison avec le seule langage qu’elle connaît : le langage de la matraque et des menottes. En 2010, on dénombre 106 journées de grève, c’est-à-dire presque 1 jour sur 3. Pendant ces grèves, 3250 policiers locaux et 2254 policiers fédéraux ont été déployés dans les prisons. Et quand la police menace aussi de faire grève car elle en a marre de devoir reprendre le boulot des gardiens, la grève se transforme en « service minimum » : ce qui, pour les prisonniers, signifie exactement la même chose : ni douches, ni promenades, ni activités, ni visites.
Les derniers mois, quand les gardiens de Saint-Gilles revendiquaient leurs droits, ça voulait dire :
- que c’est à eux de décider quels prisonniers sont transférés et sous quelles conditions
- que la prison dispose d’une cellule d’isolement spéciale
- qu’un groupe de gardiens soit spécialement entraîné pour tabasser des prisonniers
- que le régime et le règlement soient adaptés à leur gré ; ce qui revient à moins d’espace de manœuvre pour les prisonniers, plus pour les gardiens
- augmentation du nombre de gardiens pour mieux pouvoir rabaisser les détenus, étouffer la révolte et la désobéissance et augmenter de manière générale la répression.
- 5 équipements supplémentaires : des boucliers, casques, matraques, tasers, lacrymogènes et évidemment la permission de s’en servir.
Les gardiens ont tout obtenu.
Début octobre, quelques prisonniers ont fait un mouvement de protestation contre les conditions dans la prison (notamment l’obligation de se doucher à l’eau froide, le fait que des gardiens déchirent les dossiers des prisonniers devant leur nez, des visites interdites ou annulées sans raison spécifique etc.). Ils occupent le préau. Le nouveau commando de choc des gardiens spécialement entraînés pour ce genre d’interventions fonce sur le préau et massacre les prisonniers. Quelques détenus sont gravement blessés. Au moins une personne doit être amenée à l’hôpital. Évidemment, pas le moindre mot dans les médias, ceux-ci ne font que faire écho aux revendications pour plus de répression. D’ailleurs, c’est depuis plusieurs mois qu’on peut constater que plus aucune nouvelle des mouvements de prisonniers, des révoltes etc. ne sortent dans la presse régulière, sans doute pour mieux étouffer les révoltes en les isolant du monde extérieur.
Mais ne nous comprenez pas de travers : nous soutenons la cessation du boulot de gardien à 100 %. Qu’ils cessent d’être des bourreaux. Qu’ils cessent d’être des gardiens parce qu’il n’y aurait plus de prisons du tout. Voilà une revendication, voilà une grève totale que nous soutiendrons entièrement.