La mafia de la STIB

Parrain STIB est le plus grand de la capitale. Il emploie des gens de tous les quartiers. Pas de boulot ? Va frapper à la porte de la STIB. Un cousin à moi travaille pour lui; et aussi un oncle. Il peut parler en ta faveur. Et alors se forme une famille bien soudée, qui défend ses membres et prend toujours parti pour les siens. Qui serre les rangs quand elle est menacée de l’extérieur.

Son territoire s’étend à la ville entière. Son message, toujours clair : Ne touchez pas à la STIB. Les filières amies sont activées. Scandale quand un tram est caillassé par des jeunes enragés ou joueurs, ramdam à la télé, dans les journaux, à la radio. Ou encore… Le mois passé, la police fédérale a diffusé un avis de recherche qui appelait la Belgique téléspectatrice à balancer les gens qui ont vandalisé la station métro Horta avec de la peinture de toutes les couleurs d’un arc-en-ciel.

Son message est clair : il est le chef de son territoire. Caméras, contrôles d’identité via les cartes Mobib, portiques. Intimidation par des actions de contrôle, surveillance par vigiles et policiers. Et pour ceux qui ne se laissent pas entraîner… On vous tient à l’œil… Et on sait vous trouver. Amendes, amendes, payer, payer, on vous soustrait le fric. Le huissier Modena vient encaisser le pognon, extorquer, accompagné de menaces, vient terroriser ceux « qui se trouvent en infraction » à leur domicile.

Ses amis sont nombreux. Les puissants vont main dans la main, et leurs chiens se conjurent. Le premier commence à aboyer, le deuxième suit. L’un appelle à l’aide, le deuxième vient à son secours. Flics sur les trams, les bus, les métros. Pour défendre l’ordre sur le territoire de la STIB. Ou encore… La semaine dernière, quelques antifascistes étaient poursuivis par des policiers anti-émeute. Quand ils descendent en hâte dans le métro, le chauffeur du métro a refusé d’ouvrir les portes. Devant les yeux de tout le monde, les flics passent les antifascistes à tabac ; les néonazis en haut de la station encouragent leurs frères en uniforme. Un jeune est emmené en ambulance, il fait une crise cardiaque et doit être réanimé. Ces faits n’ont pas été suivis par une grève spontanée et massive à la STIB, comme ça se passe à chaque fois qu’un membre du personnel STIB se fait agresser.

Une grande famille, qui serre les rangs et monte sur les barricades pour ses membres quand il y a un problème. Mais qu’est-ce que c’est le problème ? Que la vie est insupportable pour nombreuses personnes, qui sont harcelées de jour en jour par les puissants et leurs techniques et moyens pour pressurer les autres et les forcer à rester dans les rangs ? Que les trams doivent avancer comme des dingues pour s’en tenir à leurs horaires, pour servir le capitalisme et la classe dominante ? Ou que des piétons ne fassent pas assez gaffe quand ils traversent la rue et qu’alors, « normal », ils se font renverser ? Ce qui a été légitimé et justifié à une échelle massive, dans tous les médias, en « réponse » au nombre croissant de morts dans ce genre d’accidents. Mais qu’est-ce que c’est le problème ? Qu’il y a des puissants et des riches, et qu’ils ont des chiens de garde qui les servent, sans réfléchir, comme des esclaves, parce qu’on leur jette un os, et qu’ils sont heureux de faire partie de quelque chose. Au détriment de tous les autres.

Où sont les mauvais fils et filles de la STIB ? Chaque fois quand on hurle pour plus de sécurité, de police, de caméras ? Pourquoi n’ont-ils jamais fait grève contre l’introduction de Mobib ou le placement des portiques ? Pourquoi ils continuent à travailler pour cette société de transport qui mène une offensive brutale contre tous les pauvres, tous les sans-papiers, tous ceux qui osent enfreindre la loi ? Pourquoi ne débrayent-ils pas quand il y a des « actions de contrôle », quand on distribue massivement des amendes, quand on arrête des fugitifs, quand on enferme des sans-papiers, quand on passe les gens à la fouille, quand on inculpe des gens de tout et n’importe quoi.

Il est clair que la STIB fait partie de la politique sécuritaire de la ville. Cette politique nous enlève toujours plus d’oxygène, nous coupe toujours plus le souffle, avec les yeux métalliques qui nous observent, leurs flics qui nous défoncent, leurs portables et GPS qui nous poursuivent. Voilà la raison pour laquelle il y a des sabotages diffus sur tout le territoire du parrain STIB, pourquoi nous sommes solidaires les uns avec les autres, et complices dans l’attaque.