Il est probable que vous ayez déjà reçu un tel courrier désagréable dans la boîte aux lettres : sanction administrative communale, ils l’appellent. En fonction de règles propres à chaque commune, n'importe quelle personne en uniforme (policiers, gardiens de la paix, gardiens de stationnement, éboueurs même, etc.) peut désormais sanctionner des comportements et habitudes considérés comme incivils par des amendes administratives. On parle de crachats dans la rue, de poubelles non-conformes, du fait de crier trop fort, de coller des affiches, de s’opposer aux interventions de contrôleurs et de policiers, de laisser les chiens sans laisse, de manifester sans autorisation,… la liste est infinie.
Il ne s’agit pas tout bêtement d’un emmerdement de plus de la part de l’Etat. Cette façon de réprimer et de punir correspond à une nouvelle vision de la gestion de la population bruxelloise. Puisque la vie ici ne suit pas forcément toutes les règles (si nous les respections toutes, nous deviendrions carrément des morts-vivants) et qu’un certain désordre vivant fait encore vibrer cette ville, le pouvoir est en train de se donner un tas de moyens visant à accroître sa capacité répressive. Les sanctions administratives sont une de ces nouvelles armes entre les mains du pouvoir.
Si nous voulons nous opposer à ces sanctions, il nous faut donc les comprendre en lien avec d’autres changements en cours. Ainsi la rénovation d’un quartier va de pair avec une présence policière accrue et l'apparition de toute l'armada des donneurs d’amendes administratives qui sanctionnent tout ce qui ne rentre pas dans leurs cages. La militarisation des transports en commun (toujours plus de gardiens de toutes espèces, une répression plutôt brutale des fraudeurs et, en général, un contrôle accru sur tous les voyageurs) va main dans la main avec l’élargissement des moyens accordés à la Justice pour punir « les malfaiteurs » et la construction de nouvelles prisons permettant d'enfermer davantage de pauvres et de rebelles. Lutter contre ces sanctions administratives signifie par conséquent saboter l'ensemble des moyens que le pouvoir met en place aujourd’hui pour nous enrégimenter.
Ne pas reprendre à notre compte leur langage est, certes, le premier pas à faire. Le premier comportement inacceptable dans ma rue sera toujours celui de l’uniforme qui vient choper des gens, du patron qui exploite, du riche qui extorque des loyers, de l’huissier qui casse la porte, du mouchard qui collabore au pouvoir. Eux sont les vrais indésirables.
Il s’agit ensuite de trouver des moyens pour saboter leurs sanctions et leur arsenal répressif. Des choses qui soient simples, pas trop compliquées, à la portée de tous. Ainsi, couper le câble qui alimente la caméra du coin n’exige pas un grand effort, et peut même paraître très modeste, mais cela nuit au contrôle. Insérer un peu de colle dans les horodateurs ; faire comprendre au service prévention du coin, l’asbl Bravvo qui encaisse ces amendes administratives, que nous ne nous laisserons pas faire (un pavé est vite jeté, n’est-ce pas ?)... Enfin, chacun, chacune trouvera bien quelque chose à son goût pour répondre à chaque amende que le pouvoir nous colle...