Brisons nos chaînes

Vendredi matin 18 octobre. A Anderlecht, au square Albert, une grande banderole « Occupation contre la maxi-prison. Brisons nos chaînes. Liberté pour tous » apparaît sur l’ancien complexe du garage Renault. En même temps, des milliers de personnes dans le quartier autour trouvent des tracts dans leurs boîtes aux lettres invitant à un week-end de rencontres et d’initiatives contre la construction de nouvelles prisons et contre le réaménagement urbain qui transforme la ville en grande prison à ciel ouvert.
Dans l’après-midi, les premiers flics se pointent. Et leurs rangs se grossissent rapidement. Depuis le bâtiment, les occupants scandent « Flics, dégage » ; en face, de nombreuses personnes du quartier se rassemblent. Sur le bâtiment occupé, encore des banderoles : « Système carcéral, rage viscérale » et « Dedans comme dehors, courage et force à ceux qui se battent ». Les flics débarquent en nombre, les insultes fusent, des policiers sont arrosés d’eau, quelques pierres et des œufs volent depuis l’attroupement hostile aux serviteurs de l’ordre. A l’arrivée de plusieurs dizaines de policiers en tenue anti-émeute, les occupants décident de monter sur le toit, lançant des fusées et criant leur rage contre ce monde de prisons et de pouvoir. En face du bâtiment, l'hostilité contre les flics monte. « Mort aux poulets ». Les occupants arrivent à s’échapper à ce qui s’annonçait aux yeux de tous comme une boucherie. L’occupation est expulsée, mais les flics sont verts... ridiculisés, insultés et quelque peu attaqués, ils n’ont pu effectuer aucune arrestation.
Le lendemain, les activités annoncées sur l’invitation continuent, et ce en plein air. Distribution de tracts dans le quartier, discussions informelles, table de presse et banderole anticarcérale sur le square Albert. Le soir, un concert de rap s’improvise sous les immeubles du square. Plusieurs personnes prennent le micro pour cracher leurs paroles de révolte.
Enfin, le dimanche, il semble que quelques dizaines de personnes aient à nouveau traversé le quartier : collage d’affiches, bombage des murs avec des slogans contre la prison et son monde, distribution de tracts.
Ce week-end d’initiatives voulait créer une ouverture pour ceux et celles qui veulent se battre contre la construction d’une maxi-prison à Bruxelles et contre la transformation de Bruxelles en ville-prison, taillée pour satisfaire les riches, les puissants, les eurocrates et les capitalistes. Des rebelles de différents horizons se sont rencontrés dans la rue, ont tenu face à la pression policière, se sont solidarisés avec la lutte en cours, ont forgé des complicités dans la tension de la révolte. Il s’agit dès lors de diffuser aux quatre coins de Bruxelles les appels à la lutte, de forger de liens entre ceux qui ne se laissent pas faire et veulent se battre contre la construction d’un nouvel enfer carcéral. Cette lutte ne sera pas facile, elle aura besoin de tout : de paroles, de discussions, d’initiatives, d’occupations, d’actions, d’attaques contre les responsables et les constructeurs du projet de la maxi-prison, de complicités entre rebelles de partout. Ce week-end a donné du courage à de nombreuses personnes, des déterminations se sont affirmées, des volontés se sont renforcées, des sourires sur les visages, la force de la révolte couve en nous... plus que jamais, nous sommes prêts pour le combat !