Une prison à Genk ?

Depuis l’annonce de la fermeture des usines de Ford, la situation est devenue compliquée dans le Limbourg. Tant sur le plan économique que social, de nombreux problèmes se sont greffés sur le premier. Le chômage augmente, avec tous les inconvénients qu’il véhicule. Le bourgmestre de Genk, Wim Dries, pense toutefois avoir trouvé la solution à ses soucis : lui aussi veut une nouvelle prison. On ne peut pas dire qu’on soit vraiment surpris. Ces dernières années, les autorités belges ont, semble-t-il, décidé de régler tous leurs problèmes à coups de nouvelles prisons. Ce n’est pas pour rien qu’elles appellent fièrement leur projet : le « masterplan ».

Du point de vu de Wim, on peut comprendre qu’une nouvelle taule soulagerait un paquet de soucis : une partie des gens peuvent aller crever dans les cellules de la nouvelle prison, ce qui libère des places sur le marché du travail, résolvant une partie du problème du chômage. Cela crée, en plus, des centaines d’emplois, comme gardien. Donc : enfermer des gens, en embaucher d’autres pour les surveiller, voilà trouvée la solution pour recaser un bon millier de personnes impliquées dans l’affaire de Ford.

Force est donc de constater que sur le plan économique, une nouvelle prison est certes intéressante. Et comme l’économie mène la danse…
Il ne faudrait cependant pas perdre de vue l’aspect social de ce nouveau projet.
Dans une région comme celle de Genk, où la présence de l’usine Ford jouait un rôle plus ou moins grand dans la vie de nombreuses personnes, sa fermeture pourrait entraîner son lot de troubles, tant à court terme que sur un temps plus long, car il devient clair que de nombreuses personnes ont gâchées des années et des années de leur vie dans ces usines. Et ça, Wim, ça lui pose problème. Il ne veut pas de troubles, il veut du contrôle.
Or comment mieux démontrer à la population qu’il contrôle la situation qu’en flanquant un mastodonte d’institution pénitentiaire dans le paysage ? Tous vivront et obéiront dans son ombre. Et tous y réfléchiront à deux fois avant d’aller transgresser les lois.
Wim n’est pas le premier à y avoir pensé. A Ittre, près de Bruxelles, les autorités ont décidé de construire une nouvelle prison après la fermeture des Forges de Clabecq. Et ainsi en a-t-il été : après une lutte acharnée des ouvriers, une partie a acceptée de devenir gardien, alors qu’une autre partie remplit les cellules.

Wim peut se mettre sa solution à ses soucis dans son cul. Comme tout politicien, il veut nous faire plier, il veut qu’on accepte tout sagement. Nous pourrirons sa solution, toutes ses solutions jusqu’à ce qu’il y ait une telle accumulation de problèmes, chez lui et chez tous les autres politiciens, qu’ils se noieront tous dans leur propre merde.