Fouilles à poil systématisées en
prison
La ministre de la Justice, l'abominable
Turtelboom, a encore renchéri pour ajouter une facette
supplémentaire à sa politique sécuritaire. Sa proposition de
systématiser les fouilles à poil dans les prisons, de sanctionner
davantage de faits et d'augmenter le nombre de jours de cachot ou
d'isolement pour les prisonniers « réprimés », a été
acceptée par la majorité en commission. Il ne reste que la
confirmation du parlement entier avant que ces nouveaux mesures
rentrent en vigueur.
L'Etat entend ainsi liquider
l'héritage encore présent de mutineries, de révoltes, d’évasions
et d’actes de dignité ayant eu lieu dans les prisons belges ces
dernières années. Il veut des détenus dociles et résignés, qui
se cament et s'entretuent, qui se désolidarisent des autres et qui
balancent à tout va, plutôt que des prisonniers qui résistent, qui
se battent pour leur dignité, qui ne perdent pas le goût de la
liberté et se révoltent contre la terreur de la prison et de ses
gardiens.
Introduire les fouilles à poil
systématiques, c'est ajouter une nouvelle couche à l'humiliation
par laquelle la prison cherche à détruire la personnalité même du
prisonnier. Prolonger les durées de cachot et d'isolement, c'est
chercher à terroriser toujours plus les détenus pour les garder
dans la soumission. Etendre le nombre de « faits »
sanctionnés, c'est rétrécir encore un peu plus les murs de la
prison afin d'écraser celui qui dérange la Justice et le pouvoir.
A l'époque où l'Etat construisait
deux modules d'isolement à Bruges et à Lantin (2009) afin
d'enterrer vivant les plus rebelles des prisonniers, leurs ouvertures
respectives avait été accueillies par un refus clair et net :
deux mutineries ont saccagé les modules, et toute une myriade
d'actes de révolte a eu lieu à l'extérieur contre des comicos, des
locaux des syndicats de gardiens, des entreprises qui se font du fric
sur l'enfermement et même contre des sections de criminologie à
l’université. Aujourd’hui aussi, nous estimons que ce nouveau
durcissement de la politique carcérale devrait se heurter à un
refus clair et net pour démontrer que la pacification du désir de
liberté dans les prisons ne passera pas en douceur, et à une
offensive de solidarité à l'extérieur des murs.
Refusons cette mesure, soutenons les
uns et les autres dans ce rejet, secouons les amis et amies à
l'extérieur pour qu'ils passent à l'action, à se faire passer les
nouvelles et à se coordonner dans la mesure du possible. Mais pas
seulement à l’intérieur : nous, tous les prisonniers dans la
rue, nous qui sommes enfermés dans l'usine, l'école, l'Etat, le
capitalisme, les papiers, haussons le ton dans le seul dialogue
possible avec les gestionnaires de la torture carcérale :
l'attaque.