Syrie

Les protestations, manifestations et affrontements avec les forces de l'ordre n'ont pas disparu du conflit syrien, mais ont pris une autre tournure depuis la militarisation de la révolution. Cette militarisation a en partie été une réaction aux attaques brutales du régime d'Assad contre les opposants et les manifestants, mais a fini pour imposer sa propre logique à la révolution. A une telle échelle que, désormais, les réfugiés syriens qui se trouvent dans les camps de Jordanie se voient contrôlés et dominés par les services secrets d'Assad, par ceux de la Jordanie et par les brigades de l'Armée Libre Syrienne. Il y a déjà eu plusieurs protestations et émeutes contre les actions répressives des anciens dominants, mais aussi contre la corruption des nouveaux puissants. Des dizaines d'agents jordaniens ont été blessés lors de ces affrontements, des centaines de réfugiés syriens ont été arrêtés. En Syrie aussi (comme par exemple à Alep), il y a de plus en plus de protestations contre les brigades qui s'imposent comme pouvoir militaire et politique dans les zones libérées. Il y a des brigades qui organisent une police, qui érigent des barrages routiers, qui accumulent les prises de guerre par des pillages et des enlèvements, et il y en a même qui veulent instaurer une sorte de police des mœurs. Comme s'il fallait protéger la révolution contre les gens qui l'ont commencée, alors que c'est la militarisation avec sa hiérarchie (souvent des officiers qui ont déserté l'armée d'Assad), ses démarcations territoriales, sa dépendance des sponsors (presque tous les pays voisins ou moins voisins entretiennent leurs seigneurs de guerre sur le terrain), son idéologie et sa soumission imposée qui coupe l'haleine à la véritable révolution.