Fin
août, une femme a été arrêtée à Jette. Selon les journaux, elle
a tenté d'empoisonner son mari, et comme cela n'a pas marché, elle
a essayé de l'étouffer. Finalement, elle l'a tué de plusieurs
coups de couteau. La raison de cet homicide serait la violence du
mari, une violence qu'elle a subie pendant trop d'années. Quand les
agents l'ont arrêtée, il paraît qu'elle leur a demandé :
Vous n'allez quand même pas me mettre en prison pour ça ?
Si
nous revenons sur cet événement douloureux, c'est parce que nous ne
voulons pas laisser le dernier mot à la Justice, à l'institution
qui a jeté cette femme et sa voix derrière les barreaux. Lorsque la
Justice intervient, ce n'est jamais pour le bien-être des personnes,
mais uniquement pour servir les intérêts du pouvoir. Elle ne fait
que défendre le monopole de la violence du pouvoir. C'est pour cela,
et uniquement pour cela, qu'elle enferme les gens qui utilisent la
violence. Elle nous dit qu'elle nous protège tous contre les
assassins, mais comment peut-on alors expliquer que les policiers et
les gardiens qui tuent et torturent soient relaxés à chaque fois
? Comment peut-on expliquer que les assassins en costard-cravate de
l'OTAN restent tranquillement assis derrière leurs bureaux ?
Comment peut-on expliquer que les patrons et les industriels, dont
les employés meurent de cancers, volent toujours plus haut ?
La
violence du pouvoir est permise, mais l'individu qui utilise la
violence, lui, sera par contre puni. Cela voudrait-il dire que cela
nous réjouisse quand une femme tue son mari ? Certainement
pas. Il s'agit d'un événement tragique, notamment pour cette femme
elle-même. Et il est aussi tragique que de femmes subissent pendant
toute une vie la domination d'un mari. Mais nous voulons attirer
l'attention sur le fait qu'une femme qui se trouve cloîtrée dans
une prison de violence et d'isolement, doit faire montre d'une
certaine ruse pour en finir avec cette situation. Le regard du
partenaire dominant qui contrôle tout, contraint les femmes à
recourir à des moyens comme le mensonge, la ruse, et parfois à
utiliser une violence mortelle. On y est contraint si on veut
s'échapper d'une prison, si on veut se libérer de dictateurs et de
tyrans, que cela nous plaise ou pas.
Enfermer
une femme qui a été contrainte d'utiliser des moyens si radicaux
pour détruire définitivement sa cage, la pousser d'une prison de
femmes à une autre, laisser perdurer sa situation étouffante et
destructrice entre de nouveaux murs infranchissables, est loin d'être
une réponse. Nous sommes convaincus que la solution à ce problème
n'est pas l'enfermement, mais bien la destruction de toutes les
cages ; pas la privation de liberté, mais bien la liberté
elle-même.