A l’exemple de beaucoup de communes et de villes du reste de la Belgique, c’est maintenant au tour de Bruxelles. À partir du premier jour de l’an 2010, il sera obligatoire de trier ses déchets.
Ce que la STIB essayait déjà de nous apprendre sur ses lignes, nous devrons tous l’appliquer chez nous et mettre le bon produit dans la bonne couleur (blanc, bleu, jaune et, qui sait si s’ajoutera le vert). Toutes sortes de campagnes publiques essayaient déjà de faire la distinction entre le sale et le propre, ou plutôt entre les gens sales ou les propres, les bons et les mauvais, les noirs et les blancs. On devrait ainsi tous condamner nos voisins, comme si c’étaient eux ou un emballage de papier qui rendaient nos vies misérables. Ils essayent de nous faire porter un sentiment de culpabilité et de nous inculquer une citoyenneté vertueuse. Et visiblement, cela va de pair avec les stéréotypes sexistes. Ainsi, la fillette de 10 ans se préoccupera surtout de sa maternité future et certaine (“Parce que, tôt ou tard, j’aurais des enfants moi-même”), alors que le gars de 16 ans s’occupera surtout du foot (“Parce que je ne veux pas être hors jeu” euh, nous clairement si).
Parce qu’une telle propagande n’apporte souvent pas grand chose (les campagnes précédentes n’ont guère fait sentir leurs effets), les instances compétentes promettent d’ores et déjà des représailles financières contre les sourds et les aveugles. Des amendes de 62,5 à 625 euros seront distribuées pour les déchets non triés. Comme ça se fait déjà dans d’autres villes, ce sera votre bon copain le gardien de ville qui viendra fouiner dans vos ordures et juger si tout est trié à souhait. Le comble, c’est que les sacs poubelle blancs (pour les immondices non triés) coûteront 10 cents plus chers, sans doute comme un avant-goût de futures augmentations de prix hallucinantes (dans certains villes, unsac en plastique de la bonne couleur coûte déjà 2,5 euros !).
Le but c’est donc que chaque maison devienne un mini-centre de recyclage (je ne sais où on va trouver la place). Si nous examinons le système de recyclage, une chose saute pourtant à l’oeil. Dans le sac pour les emballages en plastique, tous ne peuvent même pas rentrer (barquettes de beurre, pots de yaourt...). C’est assez déroutant, alors pourquoi ont-ils inventé ce casse-tête miniature ? Ce n’est certes pas parce que ces déchets ne sont pas recyclables, mais tout simplement parce qu’ils sont plus chers à recycler. Alors, magiquement, comme il n’y a pas de fric à y gagner, tous les prétextes verts s’arrêtent en chemin. Et évidemment, plus vous triez correctement, moins il faut payer de gens pour tout sélectionner après le ramassage des poubelles. Oui, vous comprenez bien, vos déchets, et surtout votre triage, valent un paquet de fric.
Parce que nous en avons marre de voir et d’entendre partout des campagnes publiques qui nous pointent du doigt... Parce que nous en avons marre de l’ingérence des flics de toutes les couleurs... Parce que nous en avons marre de voir les usines (qui engraissent les riches alors que d’autres travaillent à la chaîne pour des salaires misérables), les grosses caisses (où ces messieurs en cravate se font conduire pendant que les contrôleurs de la STIB nous font toujours plus la chasse) et les centrales nucléaires (pur profit pour les entreprises énergétiques alors que nous pouvons à peine payer les factures) pomper toujours plus de saletés dans l’air, l’eau et le sol en toute tranquillité, pendant que nous sommes désignés comme les coupables du fait que la terre devienne de la merde...
...Oui, nous trierons nos déchets, mais selon notre propre méthode. D’abord, soigneusement faire en sorte que les documents personnels (lettres et autres papiers contenant des noms) soient jetés séparément (quelque part dans une poubelle dans la rue après avoir été déchirés), pour que les curieux ne trouvent pas de preuves. Quant au reste, on le mettra dans un sac de la couleur de votre choix qui sera flanqué à côté du supermarché. Retour à l’expéditeur, retour dans la gueule de tous les mêle-tout et des frimeurs (qui nous ont fourgué tous ces déchets avec leur économie basée sur toutes ces conneries de consommation).
Et, question de convivialité, nous le rebaptiserons « triage/décharge révolutionnaire » (inspiré d’une idée anversoise qui connaît un grand succès là-bas). Au plaisir du prochain nouvel an !