Le gouvernement fédéral a annoncé qu'il va donner 384.000.000 euros (!) au centre d'Étude pour l'Énergie nucléaire à Mol. Avec la construction d'un nouveau réacteur de recherche (Myrrha), la Belgique veut être un des premiers dans la redécouverte de l'énergie nucléaire.
Mais l'honnêteté nous oblige à reconnaître que c'est la France qui est sur le devant avec la construction de nouvelles centrales nucléaires. L'électricité ainsi générée doit partiellement répondre à la demande croissante de trains à grande vitesse. Mais il y a plus que ça, il y a un surplus. Et ce n'est pas un hasard. En France, on construit depuis un moment des lignes à haute tension vers l'Afrique du Nord, à travers l'Espagne et la Méditerranée. Avec cela, ils souhaitent ravitailler les nouvelles usines qui exporteront leurs produits bon marché vers l'Europe, à l'aide des travailleurs bon marché, tout en maintenant l'électricité bon marché. Cet exemple montre la perversité des nouvelles fables que les managers nous vendent sous un dénominateur commun: le capitalisme vert.
Dans les années 70 et 80, beaucoup de personnes ont pourtant lutté contre la construction des premières centrales nucléaires dans les pays européens. Hors des partis politiques ou des organisations officielles (quoique, plus tard, certains ont utilisé ce thème pour gagner des voix, et une fois venus au pouvoir, ils ont continué de suivre le chemin du nucléaire en silence), de grandes manifestations offensives ont été mises sur pied, des chantiers ont été occupés et détruits, des responsables furent attaqués. Dans différents lieux, l'état d'urgence a été proclamé et des régions entières (souvent des villages éloignés) furent occupées par les forces de l'ordre (la gendarmerie ou l'armée). Au moyen d'une véritable militarisation et des jeux politiques, la plupart des États ont finalement réussi à continuer le chemin du Progrès et ont imposé leurs centrales nucléaires. Après, le thème a surtout été mis en avant dans l'opinion publique par les nouvaux partis verts. En Belgique, il y a notamment eu le “succès” de prétendre que les centrales nucléaires seraient arrêtées à terme. Quelques années et un nouveau gouvernement plus tard, cet accord a été renvoyé à la poubelle. À l'heure actuelle, on parle de la construction de nouvelles centrales nucléaires avec des réacteurs de la dernière, quatrième génération. Toutes les actions de propagande du Forum nucléaire (rappelez-vous des grandes affiches avec les questions “neutres” qui tournaient quand même toujours à l'avantage du nucléaire) ne servaient donc pas seulement à garder ouverte plus longtemps les centrales existantes mais devaient également préparer le terrain pour la construction de nouvaux lieux. Avec le focus exclusif sur la grande catastrophe du réchauffement climatique (“Les déchets nucléaires toujours toxiques dans des centaines d'années? Soyons déjà contents si la terre existe encore”), les politiciens verts se sont réduits au silence. Entre-temps, certains sont même devenus les défenseurs du nucléaire. Un chemin vert s'est ouvert à tout les business lucratifs, que les publicitaires peuvent justifier par la réduction d'émission de CO² et donc par la “lutte contre le réchauffement climatique”. Une nouvelle ère pour l'énergie nucléaire s'annonce.
Cependant, nous ne croyons pas une seconde à ce que les spécialistes viennent nous vendre, comme quoi les centrales nucléaires seraient 100% sûrs. Tout comme, dans chaque autre usine où la technologie est appliquée, dans les centrales aussi, les choses tournent mal. Et la plupart du temps, nous ne savons rien de ces 'petits incidents'. Parfois ils lancent un avertissement (comme à Fleurus en 2008 où des iodes radioactifs se sont retrouvés dans le système d'aération). Mais dire que la santé publique est en danger? Non, non, jamais...Ben oui, il y a des fuites, de la radioactivité et dans les études on peut lire, à travers le langage des spécialistes, des constats de pannes régulières et de fuites permanentes. La Commission européenne le sait bien et sponsorise le projet SAGE où les scientifiques et les bureaucrates se servent de l'expérience de Tchernobyl (où, en 1985, un réacteur a explosé et a irrévocablement transformé toute la région en un désert radioactif, et jusqu'en Belgique, il pleuvait de la pluie radioactive) pour se préparer à la gestion d'une contamination radioactive durable en Europe.
Avec la redécouverte de l'énergie nucléaire, l'État crée l'illusion qu'elle peut arrêter le réchauffement climatique. « Pas de panique, le système maîtrise la situation », telle est le message. L'État peut renforcer son propre rôle et laisser entendre qu'il est de la plus grande nécessité. Parce que ce sont ses spécialistes et ses troupes de sécurité qui sont nécessaires pour le bon déroulement des choses. Qui d'autre va gérer la technologie complexe, qui va contrôler le traitement des déchets contaminés, qui va nous protéger contre les attaques terroristes pouvant avoir des conséquences catastrophiques?
L'énergie nucléaire et ses déchets hypothèquent tout désir de liberté. Elle étouffe toute pensée d'un monde sans un État avec ses spécialistes, sa bureaucratie et son appareil de répression. Et lorsque toujours plus de centrales sont construites, finalement, il ne reste plus un lopin de terre qui n'est pas pollué par l'appât du gain et le capitalisme. Même si ce dernier se nomme vert et durable, je ne peux pas y voir autre chose qu'un coup publicitaire.
Pour ne pas nous laisser prendre tout oxygène, oxygène qu'on a besoin pour pouvoir parler, rêver et lutter pour la liberté, il est urgent que nous nous approprions de nouveaux moyens. Des moyens pour saboter cette machine de la mort. Les centrales nucléaires sont très centralisées et sécurisées, mais elles ne sont qu'une partie du réseau de radioactivité et de contamination. Lignes de hautes tension, pylônes de portables, chars à quatre roues, usines, centrales de distribution...d'autres les ont mis à plat, avec succès.