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Centre fermé pour illégaux, Steenokkerzeel, à 15 kilomètres de Bruxelles. Le 27 mai, vers 21h, quatre sans-papiers incendient simultanément leurs cellules. Toute une aile est temporairement fermée et une quarantaine de prisonniers sont évacués. La police descend massivement sur les lieux pour empêcher, la matraque à la main, une éventuelle extension de la révolte ou une évasion.
Dans des temps où on pense obscurcir le vrai caractère des choses avec de faux mots, un premier pas est peut-être d’appeler un chat un chat. Car contrairement à ce qui semble être à la mode dans les médias, un centre fermé pour illégaux n’est pas un centre d’accueil et d’aide aux réfugiés. Un centre fermé est une prison où des personnes, qui ne disposent pas des papiers de séjour exigés, sont enfermées en attendant leur expulsion forcée. Et, en fait, même ces mots obscurcissent le vrai caractère de ces centres. En d’autres temps, on aurait peut-être eu moins de scrupules à appeler un lieu où des personnes sont incarcérées pour des raisons administratives et transportées de force vers un autre lieu, vers un autre pays, simplement un camp de déportation. Et à ne pas appeler les personnes qui tournent la clé des portes des cellules, qui mettent sous le joug les prisonniers et qui les terrorisent, des accompagnateurs ou des assistants sociaux, mais simplement des matons ou des gardes de camp.
Comme en août 2008 où deux ailes du centre fermé à Steenokkerzeel ont été incendiées par des prisonniers, les révoltés d’aujourd’hui ont mis en pratique la seule critique possible de ces camps : leur destruction. Les centres fermés ne peuvent pas être améliorés ou reformés, leur caractère sera toujours celui d’un camp de détention, un outrage criminel de la liberté humaine et une chaîne autour de la cheville de quiconque veut se battre pour la liberté et la solidarité. La violence ardente de cette révolte est juste parce que cette violence est libératrice, parce qu’elle affranchit et tente de détruire des structures de l’enfermement. Ainsi, elle offre un contraste criant avec la violence que cette société exerce quotidiennement, cette société qui enferme et annihile des gens dans des camps, des prisons, des centres psychiatriques, des églises et des familles.
Littéralement à côté du centre fermé de Steenokkerzeel, l'État est en train de construire actuellement un nouveau centre fermé spécialement conçu pour mater ce genre de révoltes. Depuis des mois, une lutte est en cours dans la rue contre cette construction. Notre solidarité avec la révolte de ces quatre individus à Steenokkerzeel est donc de continuer la lutte contre les centres fermés, existants ou ceux en construction. La révolte à Steenokkerzeel est une invitation à chacun.e qui veut se battre contre la politique d’exclusion, les déportations et les centres fermés afin d’intensifier la lutte. De mettre, ici et maintenant, avec tous les moyens qu’on estime opportuns, des bâtons dans les roues des gens, des entreprises et des institutions qui font exister ces centres fermés écœurants.