Dans chaque numéro de Hors Service, nous reprenons une poignée d’une multitude d’actes de rébellion et de révolte. En général, l’Etat, ses médias et ses journalistes préfèrent ne pas trop ébruiter ces événements ou, plus encore, les déformer, les fausser et les mutiler pour que personne ne puisse s’y reconnaître. L’Etat ne veut inspirer personne dans de mauvaises intentions – mais nous si, et voilà la raison de ces colonnes.
Un coup dans la gueule – Le marmonnement habituel de prêtres de toutes sortes a été joyeusement interrompu. Des slogans contre toutes les religions sont apparus sur plusieurs églises bruxelloises, la cathédrale, qui venait d’être restaurée, et quelques autres monuments religieux. Un beau coup dans la gueule de ceux qui prêchent la soumission.
Un accueil chaleureux – Une manifestation de 150 personnes contre les centres fermés pour illégaux est quadrillée par les forces de l’ordre devant le centre fermé de Steenokkerzeel. Les policiers fouillent systématiquement tous les manifestants à la gare. A un certain moment, quelques jets de pommes de terre et de pierres visent les flics, mais il n’a pas semblé possible de briser le cordon policier autour du centre.
Se lever tôt pour la STIB – Tôt le matin, des groupes de gens masqués envahissent trois stations de métro à Bruxelles (Hankar, Delta et Parvis de Saint-Gilles). Ils détruisent et souillent avec de la peinture noire et du goudron les portiques, les machines de vente, les appareils de validation. De nouveau un signe qu’il y a des gens qui ne semblent pas trop apprécier la manie de contrôle de la STIB et sa collaboration à toutes sortes de rafles.
Quel travail – A Sint-Niklaas, une série d’escarmouches entre des jeunes et la police perturbe le doux après-midi. Quand la police a en plus voulu arrêter une personne recherchée à la gare, des dizaines de jeunes ont attaqués les policiers. Plusieurs agents ont été blessés dans l’exercice de leur honorable métier de chasseurs d’humains.
Les bureaucrates… - Les serrures de la prestigieuse Organisation International pour les Migrations, qui cherche à contrôler et gérer les migrations partout dans le monde, ont été obstruées avec de la colle. Vers 7h du soir, l’ambassade italienne a reçu un gros tas de merde dans son hall d’entrée en solidarité avec les mutineries dans les centres fermés italiens. Une réunion de Frontex, l’agence européenne qui organise la protection des frontières, a été légèrement perturbée et les murs de ses bâtiments taggués. Enfin, le consulat allemand a été maculé de peinture en solidarité avec ceux qui se battent à Stuttgart en Allemagne contre le projet urbanistique mégalomane Stuttgart 21.
L’argent a ses conséquences – Fin septembre, plusieurs entreprises à Bruxelles qui d’une manière ou d’une autre se font du fric avec la construction ou la gestion des prisons et des centres fermés ont été visitées en toute hostilité. L’argent souillé de sang qu’ils gagnent a ses conséquences. Les façades de l’agence de voyage Carlson Wagonlit (qui réserve des billets d’avions pour les déportations) et l’agence d’intérim Randstad (qui embauche des matons pour des centres fermés) ont été vandalisées. Chez Sodexo (qui fait de la thune avec la restauration dans les prisons et les centres fermés), des dizaines de gens se sont invités pour déverser des dizaines de litres d’huile de friture dans le hall d’entrée et les bureaux. Les bureaux de Serco (une firme privée qui exploite partout dans le monde des prisons et des centres fermés) ont été attaqués : vitres brisées et slogans taggués. Les vitres de l’entreprise Steria ont aussi été cassées. Cette entreprise a développé, avec le soutien financier de la banque Axa et en collaboration avec l’entreprise Cogent, un système dénommé Eurodac, une espèce de base de données avec les empreintes digitales de demandeurs d’asile en Europe.
Attrapés – A Herstal, en allant à son boulot, un policier en uniforme a croisé, une dizaine de jeunes qui, apparemment, n’aimaient pas trop l’uniforme. Le flic a pris quelques coups et il devra amener sa voiture privée au garage pour des réparations. A Forest aussi, un flic a été pris à partie. Présent avec sa famille lors d’une fête de quartier, il n’a pas su résister à dire la vérité sur son infâme métier. Quelques jeunes l’ont alors envoyé à l’hôpital.