A Louvain comme à Bruxelles, des inconnus ont peint des slogans contre les centres fermés, respectivement sur un chantier et sur le siège principal de Besix, une des entreprises qui construit le nouveau centre fermé à Steenokkerzeel.
Un chef de chantier de Besix a tenu alors ces propos remarquables: « Nous nous distancions de ce slogan. En plus, notre chantier [à Louvain] n’a rien à voir avec notre chantier du centre fermé à Steenokkerzeel. Besix ne fait pas de politique. »
Pardonnez nos facultés intellectuelles limitées, mais quand des gens vont peindre des slogans contre une entreprise qui se fait du fric sur l’enfermement des illégaux, ce n’est pas vraiment à cette entreprise de s’en « distancier ». Quand on ouvre le feu sur vous à cause de vos pratiques infâmes, vous ne pouvez pas « prendre vos distances » par rapport aux balles, simplement parce que ces balles ne proviennent pas du canon de votre arme.
Vous pouvez bien sûr, comme l'a fait notre brave chef de chantier, essayer de vous baisser pour éviter ces balles. Mais la manière dont vous le faites, est aussi importante. Il nous semble que le lien entre un chantier de Besix et le chantier de Besix à Steenokkerzeel, eh oui, vous le devinez déjà, est… Besix. Ainsi, il est complètement absurde de dire que notre chantier n’a rien à voir avec notre autre chantier.
Enfin, le chef de chantier a tenté un dernier saut désespéré pour éviter le feu nourri : Besix ne fait pas de politique. Cette histoire, on l’a déjà entendue, comme avec cet entrepreneur pathétique de Michiels NV (une autre entreprise qui collabore à la construction du nouveau centre fermé), là-bas à Heist-op-den-Berg, et qui se plaignait après une série de slogans aux environs de son entreprise : « je dois quand-même pouvoir gagner mon pain. » Mais il s’agit de bien plus que de « gagner son pain » ; il s’agit de la construction d’une prison. Et ça, c’est un choix politique, aussi bien pour les grandes entreprises que pour chaque ouvrier ou individu qui participe à l’édification d’un lieu aussi infâme.
Vous êtes en fait un grand lâche, monsieur le chef de chantier. L’entreprise que vous servez vaut des milliards d’euros, et vous commencez déjà à pleurer quand la moindre parole critique est prononcée. Le rôle de victime que vous essayez d’endosser ne vous va pas très bien, car si tant est que l'on puisse parler de « victimes », cela serait plutôt à propos de ces milliers de sans-papiers qui sont enfermés dans les camps que vous construisez de vos propres mains, et d’où ils sont déportés parce qu’ils ne disposent pas du bon bout de papier. Et enfin, n’oubliez pas que nombreux sont ceux dont le cœur s’embrase de joie quand vos chantiers sont incendiés, et que les seuls qui verseront peut-être une larme sur votre souffrance seront vos amis politiciens et vos collègues capitalistes.