Allez hop, à la caserne !

L’armée nationale a relancé sa campagne annuelle de recrutement. Là où se trouvaient hier des slogans pour la police, on lit aujourd’hui ceux de la police. Actiris et le Forem se mettent à recruter des soldats, des policiers et des matons.

Là où l’école s’arrête, l’armée reprend. Les jeunes qui ne cessent de bouger et ont besoin d’une main plus forte. Ou ceux qui n’attendent plus de la vie que l’ennui du cours normal des choses. Dès 16 ans, ils peuvent désormais aller à l’école militaire pour être formés à devenir des machines de mort. Devenir des soldats qui exécuteront toute mission sans hésitation, aussi bien à l’étranger qu’à l’intérieur du pays. Qui tueront pour aller défendre les normes et les valeurs de la démocratie occidentale.

L’Etat belge dispose plus d’un tour de passe-passe dans son sac. Il ne peut certes pas bombarder tout à coup un autre pays pour défendre certains intérêts, et penser s’en tirer indemne. Ça choquerait trop cette classe moyenne si critique (même si elle fait de son mieux pour regarder ailleurs). Par contre, sous le voile de missions humanitaires, tout devient justifiable. Par contre, la guerre peut toujours être menée dans nos rues, ici. Non plus contre une quelconque armée étrangère, mais contre sa propre population, contre ceux qui pensent et agissent différemment. Ça fait longtemps qu’on y prépare le climat social.

Il n’y a que les aveugles qui ne le voient pas. Le climat social est toujours plus déterminé par la peur et par la propagande. Beaucoup d’énergies et de fric sont investis pour instiller la méfiance entre les gens, pour que chacun se sente isolé et qu’on ne parle même plus de solidarité. Beaucoup de gens se font prendre à ce piège. Le procédé est plutôt simple : d’abord ils créent deux (ou plusieurs) groupes, puis ils les montent les uns contre les autres. Bien sûr, il faut que le groupe des autres soit sale. Ce sont au choix des terroristes, des voleurs, des pédés, des barbares… L’Etat alimente ainsi un sentiment d’insécurité où il pourra intervenir comme un ange sauveur. Pour rendre possible le travail policier de l’Etat, il faut dire que pas mal de gens lui prêtent main forte. Tout ce que l’Etat veut faire passer pour renforcer la sécurité est ainsi accepté sans trop de protestation. Désormais, dès que tu oses encore sortir de chez toi, tu rencontres partout des uniformes soutenus par des caméras de surveillance, et une propagande qui t’incite à rejoindre l’armée ou la police. Même le citoyen qui veut contribuer à ce climat de terreur n’est pas laissé sur sa faim. Lui aussi peut jouer au flic-amateur. Il sera alors gentiment remercié après avoir dénoncé quelqu’un pour ses agissements suspects.

Peu à peu, tout le monde est lentement pétri pour aller renforcer les rangs de la masse grise. En regardant vers le bas. En ayant perdu toute capacité d’initiative. Et c’est ainsi que tout rêve d’un autre monde se trouve peu à peu piétiné.


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La Belgique compte à peu près 36.000 militaires, répartis dans les casernes militaires et les sites comme à Leopoldsburg ou Kleine Brogel, où sont aussi stockées les armes nucléaires de l'armée américaine. Une partie de ces militaires est envoyée à l'étranger. Dans les bases militaires belges en Afghanistan, environ 630 militaires sont actifs; tout le mois de novembre ont eu lieu de sévères combats contre le taliban (où c'est surtout la population qui paye). Ils sont aussi présents au Liban (une 100-aine) et dans plusieurs pays de l'Afrique. La marine belge est impliquée dans les combats contre les pirates vers les côtes de l'Afrique de l'est.

La vente et le profit de FN Herstal, l'entreprise d'armes avec des branches à Herstal, Zutendaal, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Italie se lève à des niveaux jamais connus auparavant. Surtout ses armes extra-mortelles font prime un peu partout dans le monde. Comme le Scar-H, où les balles de 7 mm sifflent toujours après 1 km avec la vitesse du son; ou le FiveSeveN qui, d'une distance de 200 mètres, perfore des gilets pare-balles sans souci – l'arme favori des cartels de drogue mexicains. Petit village, grande machine à tuer.