Le 13 décembre à Gand, l’échevin Tom Balthazar (sp.a) et Christophe Peeters (open-vld) sont entrés en débat avec ‘les Gantois’, à l’occasion de la campagne ‘Le logement est un droit’.
Cette campagne est “une initiative née d’un besoin commun d’organisation et de discussion autour du droit au logement”.
Et guère de surprise, ça a été un spectacle énervant. D’un côté, on avait deux protagonistes municipaux, de l’autre l’opposition obligatoire composé de Groen ! (parti des Verts), Samenlevingsopbouw et un professeur de…quelque chose. Ensuite, il y avait quelques squatteurs et (autres) anarchistes.
Mais en fait, je n’ai pas tellement envie d’entrer dans les détails de cette soirée, même s’il existe bel et bien une problématique du logement. C’est clair que les loyers dépassent les bornes ; qu’on crée des lieux inoccupés où seulement les spéculateurs y gagnent ; que beaucoup d’habitations sont des taudis trempés d’humidité. Que les propriétaires peuvent monter les gens qui ont besoin d’un logement, les uns contre les autres. Qu’ils peuvent rédiger leurs propres critères ; pas de travail ? Autre couleur de peau ? Nom étranger ? Que des personnes paient cher pour des lieux qui causent des maladies…Des faits que les squatteurs et les anarchistes pointent du doigt à juste titre et mettent en avant d’autres possibilités. Notamment passer à l’action, soi-même et de manière directe, pour reprendre le contrôle (d’une partie) de sa vie dans ses propres mains. Et cela contrairement aux opposants politiques qui s’accrochent au cours des choses…en étant soi-disant différent.
La dernière des choses à faire pour les anarchistes, c’est de participer au théâtre démocratique où nous sommes réduits à des seuls figurants. Qu’est-ce que cela nous importe de connaître les détails techniques d’un tel pourcentage consacré aux logements sociaux ? Ou l’aspect financier que « La Flandre devrait investir plus dans la politique du logement urbain ». Laissons ce jeu aux décideurs politiques et leur opposition. Avec leur jonglerie des tabelles et chiffres, points et virgules, politique et budget. Avec leur langage qui réduit les vies à des statistiques et ne peut penser que dans les termes du pouvoir. C’est un langage qu’on devrait refuser de parler. Je peux m’en passer des froncements indulgents d’un socialiste rose ou de l’austère logique capitaliste d’un libéral. Peu importe si l’M&M est rouge ou bleu, à l’intérieur, ils sont tout aussi brun et ne pensent qu’à l’air prestigieux de la ville. Une logique économiste où la ville devient un produit qui doit se vendre. Et oui, leur démocratie exige la contestation, donc les faux-semblants d’opposants reçoivent leur petit parc ici et leur petit pourcentage de logements sociaux là-bas. Il faut bien contenter tout le monde, n’est-ce pas ?
Cette soirée de débat était donc sans issue. Les rouges et les bleus sont rentrés satisfaits car leur apparence publique a été accomplie. Les « opposants » ont eu droit au chapitre, quoique l’anarchiste participant est resté avec un désagréable arrière-goût, car tout est resté comme auparavant. De tels moments de participation, nous devrions les refuser pertinemment. Entrer en débat avec ceux qui pensent pouvoir décider de nos vies, est une voie en impasse. Pour ma part, on peut leur jeter des œufs.
Nos désirs sont sans fin et ne se laissent pas contenir dans une logique de chiffres et de concessions. Pour ne même pas parler des « droits ». Nous n’en avons pas besoin pour prendre ce qui nous appartient. En tant qu’individus, nous sommes ce qui nous sommes, et nous avons des comptes à rendre à personne de là-haut.
Quelqu’un qui réside à Gand.