Les soulèvements et les émeutes dans les différents pays arabes sont sans aucun doute violents. Les insurgés de là-bas n’hésitent pas à affronter les forces de l’ordre, à se servir du feu purificateur pour détruire des banques, des commissariats, des bâtiments administratifs, des supermarchés,… Les apprentis-démocrates et les journalistes n’y prêtent pas trop attention. Pour eux, eux qui ne peuvent pas s’imaginer que quelqu’un ait le rêve de vivre dans un monde qui ne soit pas dominé par l’argent, il ne s’agit là que d’excès, de frustrations qui n’ont rien à voir avec le vrai mouvement populaire représenté par des leaders importés de l’étranger.
Une fois de plus, l’insurrection même fait table rase de tels mensonges intéressés. La question n’est pas la violence ou la non-violence, la seule question est de savoir si la violence est employée pour rendre libre, pour détruire l’oppression, ou pour la protéger et la sauvegarder. Les policiers tirent sur la foule pour protéger le régime, les insurgés attaquent les structures du capitalisme pour se libérer de son joug exploiteur. Voilà tout.
De plus, on voit bien maintenant que la force de toute insurrection est sociale, et non pas militaire. Les foules dans les rues de Tunis ou du Caire se sont munies d’armes rudimentaires comme les pierres ou les cocktails Molotov, sans pour autant exclure la nécessité de piller les casernes et les postes de police. Leur force ne réside pas dans une puissance de feu supérieure, mais bien dans leur détermination à se battre, un désir qui ne peut jamais être entièrement étouffé dans le sang. Ce sont les consciences qui se sont armées, dans les mains, il n’y a que de simples outils.
Les soulèvements actuels prouvent une fois de plus à quel point tous les faux débats sur la violence et l’attaque sont superflus. La violence libératrice est nécessaire, contre des structures comme contre des personnes, par des individus comme par des foules, lors d’un soulèvement là-bas, comme ici et maintenant. La violence libératrice est nécessaire pour briser les chaînes de la domination. Tout ceux qui prétendent le contraire, sont soit des menteurs, soit des imbéciles.