Sonne-t-il, le tocsin de la grève ?
L’accord interprofessionnel contesté dans la rue
Est-ce que c’est le tocsin qui sonne là ? Des journées d’action chaque vendredi, un appel à la grève générale le 4 mars… Dépassés par la base, les leaders des syndicats socialistes se sont sentis obligés de dire non au nouvel accord interprofessionnel. Car cet accord, une pilule d’austérité que ce « gouvernement des affaires courantes » aurait voulu faire avaler en silence, se heurte depuis début février à des blocages de zoning industriels et de centres commerciaux autour de Bruxelles, Charleroi, Namur et Liège, renforçant ainsi les grèves qui ont déjà débuté dans certains secteurs.
Il nous intéresse peu de commenter les détails de ce nouvel accord. Il s’agit tout simplement d’un durcissement des conditions de travail, aussi bien pour les ouvriers que pour les employés ; d’un gel des salaires pour les années qui viennent, et d’un énième tour de flexibilisation sur le marché de travail, avec des contrats toujours plus précaires et des coupes dans la sécurité sociale. Disons donc simplement que cet accord est de la même famille que ce qui vient d’être voté en Grèce, en Italie, au Portugal, en France et en Irlande : « on va vous exploiter plus durement, le temps des cadeaux est terminé ».
Nous n’avons jamais voulu négocier les conditions dans lesquelles on nous exploite, et dans ce sens-là, on se fout de cet accord interprofessionnel. Par contre, nous voulons saisir toute occasion pour forger des liens de lutte avec ceux qui ne veulent pas subir l’exploitation capitaliste sans broncher ; toute occasion pour ralentir, bloquer et saboter l’économie qui nous pourrit la vie, qui nous rend esclave de l’argent.
Sachant que les syndicats, même s’ils se montrent à l’heure actuelle un peu plus combatifs, feront toujours le pont entre les exploiteurs et les exploités, tandis que nous, nous ne nous rallierons à aucun drapeau politique ou syndical. Comme toujours, nous mènerons notre propre lutte -autonome et auto-organisée- pour détruire le système capitaliste, et nous encourageons tout le monde à se méfier de ceux qui prétendent parler au nom des autres et à répondre à leur place aux questions posées : est-ce que tu veux continuer à crever au travail, à toujours perdre dans la course à l’argent, à être empoisonné par l’industrie et la technologie, à n’avoir du temps pour rien d’autre que pour le boulot ?
Relevons alors le défi de nous battre contre l’économie en soi, et forgeons des liens entre les différents combats, qu’ils s’expriment sous forme d’émeutes dans les quartiers populaires, de mutineries dans les prisons et les centres fermés, d’occupations par des sans-papiers et, pourquoi pas, avec les journées de rage qui enflamment actuellement différents pays arabes.
Alors, qu’est-ce qui peut être fait à l’heure actuelle ? Nous pensons qu’il faut tout d’abord souffler avec toutes nos forces sur les feux qui couvent, et arracher la capacité de prendre des initiatives de lutte des griffes des imposteurs politiques ou syndicaux. Refusons donc de nous laisser enfermer sur un terrain d’action purement symbolique, refusons de nous laisser centraliser. Agissons de manière diffuse, partout et à tous les moments, au-delà des journées d’action et des manifs prévues. Tentons de faire mal à l’économie et à ses profiteurs, de bloquer la circulation économique et de débrancher la prise qui alimente la machine. De ces conflits-là peuvent naître des formes d’association nouvelles, de là peut naître l’imagination pour penser un monde complètement autre, un monde sans argent ni patrons.