Une nouvelle base militaire près de Bruxelles

Une nouvelle base militaire près de Bruxelles

Depuis des années, la ville de Bruxelles héberge le quartier général de l’alliance militaire internationale OTAN. Lorsque la rumeur s'est répandue que l’OTAN n’en pouvait plus de l’insécurité et de la mauvaise infrastructure de Bruxelles, le gouvernement belge a directement mis sur le tapis pas moins de 500 millions d’euros pour la construction d’un nouveau quartier général de plus de 250 000 m². Un cadeau pour cette organisation militaire qui a déjà mené des dizaines de guerres (de l’ex-Yougoslavie à l’Afghanistan) au nom de la démocratie et de la sécurité internationale. L’OTAN, comme toute armée et toute organisation militaire, est une machine qui sème la mort et la dévastation, bombarde des villes, soumet des régions et des populations entières à son contrôle militaire.

Partout dans le monde, on se heurte à l’OTAN. Ses bases militaires ont été construites stratégiquement dans des dizaines de pays ; ses missiles nucléaires se trouvent sur tout le territoire européen (en Belgique, ils se trouvent probablement sur la base de Kleine Brogel ou de Leopoldsburg). Mais l’OTAN se prépare aussi à des tâches plus modernes. Dans des documents récents, elle parle ainsi du développement de nouvelles stratégies et d’unités militaires promptes à intervenir contre les émeutes qui pourraient se développer dans les métropoles européennes. Car tout en haut, ils ont peur du mécontentement qui gagne les couches pauvres de la population européenne.

Que signifierait concrètement ce nouveau quartier général de l’OTAN à Bruxelles, qui se révèle être le plus grand projet immobilier jamais vu à Bruxelles, comme le clament les entreprises de construction, et où travailleront 4500 fonctionnaires, comme s'en vantait le premier ministre ?
Tout d’abord, la militarisation poussée d’une énième partie de Bruxelles, une partie qui serait alors entièrement placée sous régime militaire, et où personne d’entre nous ne pourrait jamais mettre les pieds. Cette militarisation du territoire va évidemment plus loin que le quartier général lui-même : elle implique les quartiers à côté, placés sous vidéosurveillance et exposés aux va-et-vient continus des militaires, en uniforme ou pas.
Deuxièmement, cela signifie un énième pas vers la consolidation de cette organisation militaire dans la ville de Bruxelles. Depuis ses bunkers et ses bureaux, des opérations militaires seront planifiées, organisées et exécutées partout dans le monde.
Troisièmement, cela signifie aussi un nouvel entrelacement, désormais classique, entre des structures « civiles » et « militaires » qui se complèteront les unes les autres : des entreprises qui se feront du fric en construisant ce quartier général de la mort jusqu'aux firmes de restauration qui approvisionneront les militaires ; de l’Etat belge qui accueille l’uniforme comme une protection supplémentaire contre une jungle de Bruxelles difficilement contrôlable, jusqu'à toutes sortes de services secrets qui obtiendront plus de marge de manœuvre grâce à ce nouveau quartier général.

Voilà peut-être quelques raisons de base qui poussent à lutter contre la construction de ce nouveau quartier général. Mais d'autres raisons, plus profondes encore, nous y incitent aussi : nous sommes des adversaires résolus de toutes les guerres que mènent les Etats et les organisations militaires, qui causent des milliers de morts pour défendre les intérêts politiques et économiques des puissances capitalistes. Nous sommes contre toutes les formes de militarisation et de militarisme.

Mais est-ce que le fait que nous sommes contre la guerre signifie pour autant que nous voulons uniquement nous y opposer de manière pacifique ? Bien au contraire ! Il y a une différence du tout au tout entre ceux qui utilisent la violence pour en asservir d’autres, pour opprimer ou pour soumettre, et ceux qui utilisent la violence pour combattre l’asservissement, l’oppression et la soumission. Nous ne sommes donc certainement pas non-violents.

Ceci dit, comment serait-il possible d’attaquer un monstre comme l’OTAN, un monstre armé jusqu’aux dents qui n'hésiterait pas à nous abattre en un clin d'oeil ? Nous pensons qu'il est possible de le faire, mais pas là où ils nous attendent.
Toute structure militaire, comme ce quartier général, est dépendante d’une série de maillons intermédiaires, qui sont beaucoup moins protégés et beaucoup plus vulnérables. Peut-être que le chantier de ce nouveau quartier général est bien surveillé, mais en est-il de même des véhicules, des bureaux et des autres chantiers des entreprises qui le construisent ? Peut-être est-il effectivement peu possible d’aller frapper à la porte des fonctionnaires de l’OTAN, mais ne circulent-ils par hasard pas à travers tout Bruxelles dans des voitures aux plaques d'immatriculation reconnaissables (des chiffres bleus sur fond blanc) ? Peut-être n’est-il pas possible de court-circuiter les ordinateurs à l'intérieur du quartier général qui passe les ordres de guerre, mais n’existe-t-il pas un peu partout – et sans surveillance aucune – des dizaines d’antennes militaires, des fibres optiques pour la communication à même pas 50 centimètres sous-terre, des infrastructures électriques qui fournissent le courant aux militaires ?

La réponse à ces questions-là revient à tous ceux qui veulent s’opposer à la guerre et au militarisme.


La guerre comme business lucratif
Le premier ministre Leterme – « Des milliers de gens liés aux institutions internationales vivent, travaillent et consomment à Bruxelles. Au plan économique, ce nouveau quartier général est donc crucial. »

Un bâtiment plus grand...
Le président de l’OTAN Rasmussen – « Une OTAN moderne a besoin d’un bâtiment moderne. Le bâtiment actuel n’est plus adapté pour ce que nous voulons faire. »