Coup de gueule

On est dans la merde. Déjà quand on vient au monde, on pleure. C'est mauvais signe. On se dit : « Merde, les 9 mois sont finis, c'est une misère qui nous attend maintenant ». Puis on oublie qu'on a pleuré, et le système est fait pour ça. On va à l'école, ensuite au boulot, puis on fait 2,3 gosses, on promène un labrador et on oublie ce que c'est que de vivre.
Et quand t'es pas comme eux, quand tu ne veux pas de cette vie, t'es “anormal”, t'es un alien. Et ils ne parlent pas de ces êtres qui vivent sur la planète Mars. Non, ils parlent de nous, ici, sur terre, le mot latin pour 'étranger'. Et, ceux-là, il faut les écarter. Alors, ils vont te dire ce que t'as fait, pourquoi tu l'as fait, ils vont parler pour toi, inventer leur histoire. T'as beau rester silencieux, ils peindront le tableau à ta place. Ils vont te nourrir, ils vont tout décider pour toi. Puis, il y a un mec en aube ou en habit qui arrive, qui dit ce qu'il faut faire et pas faire à tambour battant et puis tu te rends comptes qu’il touche des enfants. Quelle bande d'hypocrites.
J'ai bien rigolé quand l'archevêque archi-dégueu Léonard s'est pris quatre tartes dans la face à Louvain-la-Neuve. Mais il n'était pas le seul, deux jours plus tard, c'est Jean Michel Javaux qui a eu droit à sa part du gateau. Ce p'tit ministre écolo ne s'est pas seulement pris des tartes à la crème, mais aussi des œufs, de la farine, et de l'eau pour déglutir le tout. Ce mec veut implanter un centre commercial de 25.000 mètres carrés en bord de Vesdre près de Verviers. Et les riverains sont en colère, heureusement. Quand il s'est rendu là-bas pour vendre sa sauce, il a eu droit à la déguster.
Restons à Verviers, De Clerck s'est ramené à la prison là-bas pour constater les dégâts. Les murs sont en train de s'écrouler, sur les détenus, il y a carrément des murs qui s'écrasent, mais le monsieur aurait besoin d'un mois d'études pour estimer avec précision la nature de l'éventuel problème. Comme à Lantin, où 1000 détenus sont enfermés dans un bâtiment bâti sur un terrain non-cultivable qui s'effondre et qui n’est de toute façon plus qu’une demi-ruine. Il faut libérer les détenus, c'est simple. J'ai entendu dire que des gars d'une aile à Verviers ont été transférés à Andenne, où ce n'est pas plus drôle, encore plus de monde par cellule. La tension monte là-bas aussi.
Récemment, la Belgique a été félicitée par le Conseil des droits de l'homme. C'était con d'y croire encore, c'est une grosse pièce de théâtre, une farce. Evidemment qu'ils applaudissent, ce sont des pays comme la Birmanie, la Chine, l'Irak qui siègent dans ce conseil, des États bien connus pour le soin qu'ils portent à bien traiter leurs ressortissants, ils disent “super, faut surtout faire comme nous”.
La semaine passée, un mec s'est fait évacuer du quartier d'isolement de Bruges, par l'ambulance et le Cobra, une équipe d'intervention de la police de Bruges armée de shotguns et de mitraillettes. Va deviner dans quel état le détenu se trouvait. Des cris et des pleurs toute la matinée, et puis des sirènes. Intervention chirurgical et puis plus rien. « Mouvement spécial » comme le maton l'a dénommé. Puis t'as le gardien gradé qui s'amène, gros sourire aux lèvres; « Voici votre visite, ah oui, vous avez dû attendre 30 minutes, n'est-ce-pas? Un quart d'heure en plus et on oublie l'affaire? » Et il se casse.
Dans une prison 'normale' ce serait au moins un événement, ici, c'est devenu la norme. Comme s’il ne s’était rien passé, personne ne sait, personne n'en parle. Par contre, de Ben Laden, ça on en parle. Partout, tout le temps, ils en font un vrai icône. Alors que c'est simple, une crapule en moins et puis basta. Passons à autre chose. Mais non, ils doivent vendre toute leur soupe de justifications et de droits de l'homme. « On l'a enterré selon la tradition musulmane ». D'abord ils passent leur temps à dire « non non, nous on n'est pas racistes, on n'a rien contre les musulmans », et puis quand ils buttent Ben Laden, ils veillent à bien respecter les coutumes musulmanes. Sous-entendu: c’était quand-même un musulman comme les autres. Bref, ça ne vaut pas la peine d'y consacrer plus de mots. Un ami à moi est mort il y a deux semaines. Fusillé près de Charleroi par un p'tit branleur. Je ne savais même pas qu'il était libéré, et le voilà sous terre.
Ce monde est hypocrite, et tout le monde veut s'y adapter. Ils prennent les gens pour des cons, mais faut dire ce qui est : au vu de comment ça marche, il y en a beaucoup qui doivent l’être.
Depuis plusieurs jours, toutes les chaînes télévisées crient au scandale et réclament la restriction de la liberté conditionnelle, un jour de ça ressemble à un mois. Ils utilisent habilement un personnage que tout le monde méprise de toute façon. Il y a des sites web qui appellent à la haine, et les politiciens dévorent. Très vite, ce n’est plus uniquement de cette personne que l’on parlait. Les médias et les politiciens créent un climat dans lequel tout le monde trouve tout à fait normal que les détenus soient gardés sous les verrous pour l'éternité. Le soi-disant 'débat' porte maintenant sur la liberté conditionnelle dans son ensemble. Les prisons craquent déjà de partout, une partie est détenue préventivement, une autre a droit à une soi-disant libération conditionnelle, qui existe surtout sur papier pour l'instant. Mais les politiciens veulent aller plus loin, ils veulent rogner partout ou cela est possible. Et ce, alors que beaucoup de juges prennent déjà en compte que les peines ne sont pas totalement purgées, et infligent une peine beaucoup plus lourde en conséquence. Cette libération anticipée n'existe pas pour beaucoup d'entre nous, nous payons donc deux fois. S'ils étaient un minimum honnête, ils admettraient que les seuls qui bénéficient d'une libération anticipée ce sont ceux qui se comportent à merveille. Mais qui est-ce que cela concerne? Ceux qui n'ouvrent jamais leur bouche, ceux qui disent toujours oui et qui subissent. Des pédophiles aussi, car, en prison, y a pas d'enfants, ils se comportent donc comme des anges. Pour les autres, un simple rapport suffit pour retarder la libération à jamais. Ils nous rabâchent les oreilles avec leurs appels à mettre en place les peines incompressibles. De toute façon, pour une grande partie d'entre nous, le mot coupable semble être écrit sur notre tronche et les médias n'hésitent jamais à en rajouter une couche, peu importe ce de quoi ils nous incriminent, nous en sommes déjà reconnus responsables. Les prisons sont pleines à craquer, et au lieu de libérer les gens (pour commencer déjà ceux qui sont en préventive et libérables en conditionnelle), ils veulent prolonger le temps de détention, et pour éviter que ça explose, y a le quartier d'isolement et les mesures sécuritaires supplémentaires. Depuis 4 jours, ils me privent de sommeil avec leurs machines qui creusent du petit matin jusqu'au soir, en l'occurrence la compagnie d'alpinisme Geny qui installe un nouveau filet anti-hélicoptère. De Clerck s'est hâté de libérer des thunes (la seule chose qu'il peut libérer, lui) pour blanchir son image de prisons trop peu sécurisées. Il ne comprend pas que tant qu'on enferme des gens sans aucune vue sur la fin de leur peine, vouloir la liberté est la chose qu'il y a de plus humaine. Il suffit d'une bonne dose de détermination pour s'évader, et au plus ils sécurisent les prisons, au plus sanglantes seront les évasions.
Si la justice a bien fait une bonne chose pour moi, c'est de m'enlever l’obligation de voter. Je ne pourrais pas, même pas blanc, donne-moi l'amende, où est-ce que je signe? Même s'ils me graciaient, je ne voudrais surtout pas récupérer mes droits civiques. Je suis un mauvais belge, je le serai toujours.
La Flandres est bien bien loin, ça tout le monde le sait, elle me fait trop penser à la Hollande avec son arrogance et son racisme imprégné de partout. Mais faut pas croire que Bruxelles y échappe. Ce n'est pas pareil, mais ce n'est pas mieux pour autant. À Bruxelles, l'immigration n'est pas tant un problème pour eux, c'est vrai, car tout se tient par le fric, peu importe d'où il vient. Bruxelles est tenu par les commerçants, grands et petits. S'il y a bien une chose qui les unit tous, c'est le commerce. Prenons la rue de Brabant par exemple. Une grande partie des commerçants se voient régulièrement en réunion avec les échevins, le bourgmestre, la police. Pour bien coopérer et veiller à ce que leurs intérêts soient bien mis en place. De là à dire « tiens, ce mec est revenu quatre fois avec une autre bagnole, c'est bizarre, non? », il ne reste qu'un pas à franchir. Mais heureusement, une partie des petits commerçants reste bien méfiante vis-à-vis des réunions avec les politiciens. Faut pas s'étonner que certains portent des coups là où ça fait mal, dans leur portefeuille, et reprennent leur part du butin.


Kiket,
quartier d’isolement de Bruges



* C'est le même Foruminvest qui a implanté un centre commercial gigantesque à Courtrai, terrain de jeu du bourgmestre et ministre de la Justice De Clerck « Si j'ai pu bâtir 5 ponts, pourquoi pas 10 prisons? ». Des anarchistes s'étaient opposés à ce projet mégalomane. Ils avaient ensuite été suivis par les riverains, mais il était déjà trop tard. Ils ont été trainé pendant plusieurs années dans les méandres de la pour tags, affiches et agitation contre ce projet. Finalement, ils furent condamnés à une peine de travaux forcés pour l'un et quelques mois de prison avec sursis pour l'autre, mais surtout à des milliers d'euros à payer sous la menace d’un huissier. C'était une histoire d'honneur pour De Clerck.