Trois personnes condamnées à 30 années de prison pour avoir tué un policier
Une nuit de décembre 2007, trois hommes, lors d'un vol d'une voiture à Lot, se heurtent à une patrouille de police. On ouvre le feu sur un combi, et l'un des deux policiers meurt, l'autre est blessé. Un des hommes en cavale est blessé aussi, les trois prennent tout de même la fuite. Le pays est en émoi, et la consternation générale est de taille. Par la suite, la policière morte est élevée au ciel, avec armes et bagages de déclarations de soutien et de médailles d'honneur. Comme une héroïne tombée trop jeune. Les hommes qui ont ouvert le feu en premier sont voués d’emblée à l'enfer. Comme des brutes inhumaines qui ne reculent devant rien, contre lesquelles aucune peine ne peut être trop lourde. Quelques d'années plus tard, trois hommes se trouvent sur le banc des accusés et sont condamnés à 30 années de prison, qu'est-ce qu'on aurait pu imaginer d'autre...
Soyons clairs : je ne pense pas que des gens qui, à un moment donné, ouvrent le feu sur la police et enlèvent une vie, soient des personnes sans cœur. Pas plus que je n'éprouve de respect pour la police, ou que j'en aurai d'avantage s’ils s'en vont les pieds devant. Ce que je vois dans cette société est un monopole de violence (un droit exclusif sur l'utilisation de la violence) de la part de l'État. C'est lui qui édicte les règles de la vie quotidienne, et utilise la violence pour la maintenir. De l'intimidation avec les amendes et les peines de prison, jusqu'au faut de tuer des gens quand cela s'avère être la façon 'adéquate' d'agir. Tous les x semaines en Belgique, des personnes sont tuées par la police, meurent en taule, ou sont atteintes de balles par leurs armes de service. Jamais ce n'est jugé inhumain, jamais les responsables ne sont appelés des assassins, jamais on ne leur crache dessus pour ce qu'ils sont réellement : des serviteurs de ce système qui sont là pour réduire en silence ceux qui, d'une manière ou une autre, ne l’acceptent pas. Il est donc compréhensible que les traqués de cet existence les réduisent aussi de temps en temps au silence. Je peux le comprendre, je peux être face au même choix. Quoi que je pense que cela ne peut jamais être un choix facile. Une simple exaltation de la violence ne me dit rien du tout. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si la violence est utilisée pour opprimer d'autres ou si, en revanche, elle est utilisée contre les oppresseurs. Et même là, ça reste un choix difficile. Si pour certains, c'est seulement une question accessoire que d’ôter la vie à quelqu'un, j'ai peu en commun avec eux, même si ce sont des flics qui tombent.
C'est pourtant ce rideau de fumée qui doit être arraché de force. Les flics, avec le soutien des médias, sont toujours présentés comme des héros qui, par tous les temps, mettent leur propre sécurité en jeu pour les choses restent vivables pour nous. Alors que nous pouvons sentir coup après coup que cela signifie en pratique tout autre chose. Oui, ils mettent en jeu leur sécurité, mais pas pour moi, plutôt contre moi, et contre mes idées. Ce sont eux les protecteurs de cette misère faite d'argent et des rapports de pouvoir. Ils sont prêts à mourir en l'honneur de la loi et du roi. Lorsque cela arrive donc logiquement, je ne vais pas en perdre le sommeil pour autant.