La jeunesse c'est le futur! Nous sommes tous voués à l'échec...


Autour de la protestation estudiantine pour un gouvernement


Des actions ont été mises en place dans plusieurs villes. A Bruxelles, une véritable manifestation a déjà eu lieu il y a quelques mois et bientôt ce sera le tour d’une autre. Les étudiants prennent les devant, suivis par une meute de citoyens modèles, tous derrière une banderole plein de préoccupation sincère et de bonnes intentions. Leur mission: donner un signal fort aux politiciens. Leur faire savoir qu'il est temps de se conduire en adultes, et ne plus tarder à former un gouvernement. Quel génial aperçu d'éclatante démocratie dis-donc... ça me fait gerber.
Et tout ça à un moment où il ne manque certainement pas de bonnes raisons pour sortir de sa baraque. Car pendant que notre futur prend la rue pour donner du cœur à l'ouvrage de ceux qui nous empoisonnent la vie, il y a, très loin et près d'ici, des personnes qui se battent bel et bien contre ceux qui leur empoisonnent la vie. Il y a quelques semaines, un homme est mort à Charleroi, quelques heures après avoir été passé à tabac et arrêté par la police. Dans les jours qui ont suivi, des policiers ont été attaqués dans leurs commissariats et dans la rue. Les bâtards en uniforme ont été énergiquement servis avec des pierres et des cocktails molotov. Quelques jours auparavant, à Bruxelles, des flics se sont pris des projectiles et des coups de bâtons quand ils ont essayé d'arrêter quelqu'un, et à Anvers aussi, des personnes s'en sont prises aux flics. À Vottem, lors d'une manifestation annuelle contre les centres fermés, quelques portes d'enceinte ont été arrachées, et des personnes se sont joyeusement rendues au préau des prisonniers, banderoles en main et gueulant leur rage.
Et puis, on ne parle même pas de tous ces autres endroits sur le globe où beaucoup se battent contre les conditions qui leur sont imposées. Les protestations estudiantines en Angleterre qui sortent régulièrement des bornes, les nombreuses révoltes dans les centres fermés en Italie, les personnes qui continuent leur lutte dans les pays de l'autre côté de la Méditerranée, même après les concessions des nouveaux maîtres, qui ont pu réduire au silence une grande partie des insurgés. Et ce ne sont là que quelques fragments de ce qui se joue quotidiennement. Pensez à tous ces moments et endroits où des personnes se soulèvent, pour leurs désirs, pour leur dignité, pour leur liberté.
Mais non, allons tous et toutes à Bruxelles pour rappeler à leur devoir quelques cravates qui sont aussi responsables pour la prise en otage de nos vies. On peut s'en moquer, ou bien en pleurer. J'en rirai, s’il n'était pas aussi clair que tous ces ambitieux manifestants ne trépignaient pas d'impatience pour pouvoir bientôt reprendre la place de tous ceux qui ont du pouvoir dans cette société. Aussi ne compte pas que j’aille frapper à leur porte pour les encourager à bien faire leur travail. Si j'avais quelque chose à leur dire, ce serait de ne jamais dormir sur leurs deux oreilles. Car tout le monde n'exalte pas le cours actuel des choses, et tout le monde ne se résigne pas à l'existence réduite que dessine la démocratie. Que de nombreuses autres nuits troublées s’en suivent...