Chaque année, des milliers de personnes tentent le passage vers l'Europe. La plupart d'entre elles recherchent une vie meilleure (peu nous importe leurs raisons précises). Mais beaucoup n'atteignent jamais le point final de ce voyage où, quand elles sont arrivées, la vie promise se cache très loin. Le nombre de personnes noyées en Méditerranée depuis l'insurrection en Libye est estimé à plus que 2000 (selon les chiffres officiels). C'est comparable au nombre de morts tombés en Syrie depuis le début de l'insurrection sur ce territoire, pendant que des institutions comme Frontex, main dans la main avec les états frontaliers, pompe toujours plus d'argent et de moyens pour surveiller et contrôler les frontières. A titre d'exemple, voyons la Grèce, où ils ont voulu poser un nouvel obstacle devant les pieds des migrants, et cette fois-ci littéralement. Entre la Grèce et la Turquie donc, l'État grec est en train de construire un fossé antichar d'une longueur de 120 km, de 7 mètres de profondeur et 30 mètres de largeur, muni de toutes sortes de gadgets techniques, pour traquer les gens qui voudraient franchir cette frontière entre les deux pays. Les travaux ont commencé en décembre 2009, une tranchée de 15 km est déjà réalisée.
Mais le concept de frontière concerne toujours moins exclusivement l'endroit où on doit traverser un pays. Elle se diffuse aussi à l'intérieur même de tout le continent. Dans la rue, les flics font toujours plus de rafles. Des caméras surveillent chaque coin de rue. Les nouveaux centres de déportation poussent partout comme des champignons. Les mailles du filet se resserrent. Les médias aussi semblent mener une terreur sans cesse renouvelée contre les immigrés. Les journaux se remplissent de paroles hostiles, selon lesquelles plus de personnes doivent être déportées, doivent se casser pour préserver notre société.
Malgré cette réalité, nous entendons des nouvelles des émeutes. Des gens qui ne s'inclinent pas face à leur destin écrit par les puissants, mais tiennent la barre. Comme ceux qui ont détruit en grande partie le centre fermé à Steenokkerzeel. Ou à Bari, en Italie, où des centaines d'immigrés (beaucoup d'entre eux ayant fui la Libye) ont occupé une autoroute et des voies de train pour protester contre les retards bureaucratiques dans le centre et les conditions de vie qu'ils y mènent. Des pierres ont été posées sur les rails, des feux allumés dans les alentours, le trafic ferroviaire dans la région a subi pas mal de retard. La police a été attaquée avec des barres de fer et des pierres, leurs véhicules endommagés.
Les révoltes dans les centres fermés dans toute l'Europe nous donnent de l'espoir. Des gens qui ont le courage de se battre, malgré tout. Ce sera la lutte qui abattra les frontières.