Feu aux papiers, vive la liberté!


Fin novembre, des cocktails molotov sont jetés sur deux combis de police garés devant le Service Population de la commune de Farciennes. Le feu se propage vers le bâtiment : cinq espaces ravagés par les flammes, cartes d’identités, permis de séjour etc. inclus.

Nos pensées tournent alors vers Schaerbeek, l’année 1911. Le 17 avril, la maison communale flambait. L’incendie était bel et bien d’origine volontaire : plusieurs engins incendiaires fabriqués de vessies de porc remplies de térébenthine, attachées en haut d’une bougie. Au pied de la bougie se trouvaient des écailles de bois qui flambaient quand la bougie fondait. Ainsi les flammes remontaient en haut et incendient la vessie de térébenthine. L’auteur de cet incendie restera pour toujours caché, quelque part dans l’histoire. Mais ce qui est sûr, c’est que le registre de population de Schaerbeek a été entièrement détruit.

Si on s’aventure d’avantage dans l’association, on arrive chez quelques pays en soulèvement comme par exemple la Tunisie. Lors du soulèvement contre le régime de Ben Ali, mais également ensuite contre le nouveau régime, les maisons communales, les archives de la Justice, les registres d’huissiers et les registres de propriété ont été plusieurs fois incendiés. Afin de marquer la distance entre ce qui a été et ce qui veut venir, les archives de l’Etat et des institutions se révèlent toujours être du bon combustible.

Registrer des gens, par des cartes d’identité, des listes, des dossiers, n’est rien d’autre qu’un moyen pour contrôler la population et faciliter l’oppression. Les gens sont fichés pour ensuite pouvoir plus facilement les exclure, traquer, persécuter, enfermer, déporter. Il est donc tout à fait logique que tout ce qui a à voir avec le recensement des gens (qu’il s’agisse d’archives de police, d’actes de naissances, de documents de nationalité) a toujours été un des cibles révolutionnaires et insurrectionnelles.