Saint-Gilles: Un mouvement de prisonniers réprimé


Début octobre, quelques dizaines de prisonniers refusent, à la fin du préau, de remonter aux cellules. Ils exigent un entretien avec la direction par rapport aux conditions de détention, à la nourriture, à la surpopulation (souvent à 3 et même à 4 dans une seule cellule). La direction appelle des renforts de la zone de police du Midi afin de mater le mouvement. Ensemble avec l’équipe de gardiens récemment formés et entraînés pour mater les révoltes de prisonniers et les mutineries, les renforts policiers se livrent à un tabassage en règle sous le préau. Au moins trois prisonniers ont été grièvement blessés. Ensuite, les gardiens entament une grève afin de bloquer toute communication entre l’intérieur et l’extérieur (lors d’une grève, il n’y a ni visite, ni courrier, ni téléphone), comme ils le font souvent pour camoufler des magouilles, des maltraitances, des dénonciations voire des meurtres. Rappelons d’ailleurs que les interventions des policiers de la zone Midi dans les prisons bruxellois sont déjà notoires. En 2009, un de leur commissariats avait été incendié à Anderlecht à coups de cocktails Molotov suite aux maltraitances et tortures de détenus à Forest par des policiers de cette zone, venus remplacer les gardiens pour une énième fois en grève.

Quasi toutes les semaines, ou mieux, tous les jours, il y a des prisonniers qui protestent, seuls ou ensemble avec d’autres, avec ou sans violence, contre l’état de choses actuel dans les prisons belges, voire même contre tout le système carcéral dans son ensemble. Les gardiens, soudés dans leurs syndicats, font bloc, grève après grève, magouillent, combattent « à leur façon » les prisonniers révoltés. Pour leur part, le ministre de la Justice et toute la clique politique, poussent de toutes parts pour un renforcement sécuritaire à tous les niveaux, annoncent la construction de nouvelles prisons, abolissent avec le programme du nouveau gouvernement formellement une grande partie de possibilités de libération conditionnelle (car en réalité, c’était déjà le cas : de nombreux prisonniers ne sortent qu’à fond de peine, surtout s’il s’agit de personnes qui ne se résignent pas et qui ne lèchent pas le cul des juges). Alors, rien de surprenant que de toutes manières, on essaye de réprimer tout mouvement de prisonniers : en tabassant ceux qui lèvent la voix, en isolant ceux qui se révoltent, en présentant devant la « société » tous ceux qui se trouvent dedans comme des « barbares » et des « monstres ».

Que faire alors, maintenant que les tensions continuent à croître dans les prisons, aussi bien à Bruxelles qu’ailleurs en Belgique (rappelons simplement la mutinerie à Andenne il y a quelques semaines) ?

Tout d’abord, encourager et soutenir les uns et les autres dans un élan de révolte et de solidarité : ne pas reculer devant la menace de tabassage ou d’isolement, mais se soutenir afin d’affronter ensemble tout l’arsenal répressif de l’Etat.

Deuxièmement, ne pas laisser isoler les mouvements de protestation et de révolte à l’intérieur des prisons : exprimer, dehors, dans la rue, une solidarité offensive, une solidarité qui ne va pas quémander auprès des institutions afin d’obtenir quelques miettes ou quelques améliorations, mais une solidarité qui devient attaque, attaque contre tout ce qui nous fait prisonnier de ce système basé sur l’argent et le pouvoir, attaque contre les rouages de la machine carcérale afin de la saboter, la perturber, la déstabiliser, la détruire.