Tout commence aujourd'hui


La Grèce sur le pied d’insurrection

En Grèce, le spectre de la révolte de décembre 2008, qui avait fortement secoué le pays suite au meurtre d’Alexis par les flics, hantait les esprits depuis des mois. En effet, face à l’appauvrissement sans précédent de la Grèce, à l’impossibilité d’arriver à une quelconque « amélioration » de la situation économique et sociale, face au tour de vis exercé sur toute une population au nom du maintien du système et du pouvoir, nombreux étaient ceux qui préconisaient le retour de ce spectre-là, d’une vaste révolte sans compromis ni médiation contre l’Etat et le capitalisme.

Après le vote d’un énième paquet de mesures d’austérité, prévoyant entre autres une baisse du salaire minimum de 30 % (en plus des baisses précédentes, on arrive à des salaires réduits de moitié en moins d’un an), ce n’est pas « que » ce spectre là qui s’est emparé d’Athènes comme de plusieurs autres villes, mais bien quelque chose de plus : cette nuit-là après le vote, un air d’insurrection a soufflé. Des dizaines de bâtiments incendiés (banques, institutions, supermarchés, « patrimoine historique », ministères,…), des centaines de commerces pillés et ravagés, en plus des barricades, durs affrontements contre les défenseurs de l’ordre, occupations de bâtiments, etc. Mais ce souffle dépasse toute tentative de « calcul »… tellement il est vaste, impliquant des dizaines de centaines de milliers de personnes, chacun et chacune avec ses rages, ses envies, ses idées, ses mains. Aucun politicien, aucun gestionnaire, aucune « politique » ne saura mettre la main là-dessus sans risquer de se brûler.

La pilule de l’austérité est imposée à tous les pays d’ Europe, la seule différence est dans le degré et le rythme. Partout, les derniers remparts de la « concertation sociale » entre exploiteurs et exploités s’effondrent… ils se voient remplacés soit par la résignation, le cynisme d’une survie sur le dos d’autres pauvres, la dépression et le suicide ; soit par la colère, la rage, la vie qui se remet à palpiter. Ce qui se passe en Grèce aujourd’hui, démontre au moins une chose : une insurrection sur le sol européen n’est pas aussi inimaginable que ça. Mieux encore, c’est possible et il n’y a pas à hésiter. La transformation des bases autoritaires et capitalistes de la société, la construction d’un autre monde basé sur la liberté, la solidarité, l’auto-organisation, passera par l’assaut contre l’existant, par la destruction violente, par de vastes insurrections.

Nous ne pouvons pas laisser asphyxier ce nouveau souffle, ce nouvel élan de révolte qui s’est montré en Grèce. Laisser isoler la révolte là-bas revient à creuser sa tombe cruelle et sanguinaire, la révolte de là-bas doit s’étendre, doit se lier avec les révoltes ici (certes plus modestes pour l’instant), doit nous encourager à intensifier nos attaques contre tout ce qui nous asphyxie, nous exploite et nous opprime. Car là-bas, c’est la possibilité d’un avenir qui a pointé le nez, comme c’est le cas avec dans les soulèvements en affrontements toujours en cours en Egypte, Tunisie, Syrie et ailleurs dans le monde. C’est la possibilité qui peut prendre corps et âme ici aussi, au cœur de la capitale européenne, où la rage est latente, les tensions palpables et les « aménagement » minces. Attendre n’est plus à l’ordre du jour, si jamais cela l’a été. Le conflit est là, il est quotidien et ça dépend de nous tous si l’on veut qu’il explose en de vastes mouvements de révolte et d’insurrections. La peur qui maintient tant de pauvres dans les rangs de l’ordre sociale, peut changer de camp, comme elle l’a fait là en Grèce. Trembler pour l’avenir incombera à d’autres, aux puissants, aux riches, aux exploiteurs.

Armons-nous du courage et de la détermination de faire face à ce monde, débarrassons-nous de la résignation et de l’acceptation, embrassons ce qui était inimaginable hier et possible aujourd’hui : l’insurrection contre l’existant.