Invitation à perturber les activités d'un des profiteurs de la misère: l'huissier...

Le mardi 6 mars, une trentaine de personnes ont profité de l'après-midi pour rendre une petite visite à un bureau d'huissiers de St Gilles. Après un petit tour dans le quartier en chantant des chansons et distribuant des invitations à venir perturber l'activité de ce charognard, le groupe de personnes s'est rendu devant le bureau situé près du Parvis. Le volet protégeant la vitrine du bureau venait tout juste d'être fermé... C'est donc en chanson et devant les regards amusés (et complices) de bon nombre de voisinEs et passantEs que la devanture de ce bureau a été entièrement murée. Brique par brique, et en étalant le ciment à la truelle. Après avoir été monté, le mur a même reçu quelques inscriptions: "pas d'pitié pour les huissiers !" Des dizaines d'affiches ont aussi été collées sur la façade et aux alentours.

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Invitation à perturber les activités d'un des profiteurs de la misère: l'huissier...

C'est parce qu'il ne pourra jamais rendre tout ce qu'il a pris, que nous ne lui demanderons rien. C'est à nous de reprendre nos vies en mains.

On nous parle sans cesse de la crise. On nous somme de nous serrer la ceinture. De faire un effort pour le bien commun. D'accepter des mesures d'austérité sans broncher pour servir les intérêts économiques de la nation. Soit continuer à produire et consommer sans autres perspectives que de survivre dans un monde qui nous suce jusqu'au sang.

Cette crise n'est pas juste un mauvais moment à passer, une faille dans le système qui pourrait être colmatée à la sueur de nos fronts. Il s'agit bien d'un moyen parmi d'autres pour les États de gérer et aménager la situation économique et sociale. De conserver l'ordre existant, celui des dominants de ce monde.

Les nouvelles mesures d'austérité ne font que creuser encore plus le fossé entre les riches et les pauvres. Parce que l'argent n'appartient pas aux pauvres c'est bien connu. Moins t'en as, plus on t'en prend, plus t'enrichis ceux qui ont.

Et les dirigeants se donnent les moyens pour nous faire avaler la couleuvre. Les contrôles en tous genres s'intensifient et la peur de la répression économique et policière pousse à la résignation. L'état social empêche les solidarités directes de se créer et endort les révoltes sous la couverture de la médiation en s'accaparant le rôle d'intermédiaire dans tous nos rapports. En prévoyance des mécontentements qui ne manqueront pas de surgir de différentes manières, les lieux d'enfermement se multiplient, l'arsenal policier se diversifie et augmente chaque année et des nouveaux postes de vigiles se créent tous les jours.

Alors en “cette période de crise”, les huissiers ne pourront se plaindre que d'une chose: avoir trop de travail. Dans un monde où tout à un prix, où l'argent est indispensable à la survie, ne pas en avoir est un crime. Les huissiers sont là pour nous le rappeler. La bourse ou la vie...

C'est leur rôle de nous faire cracher pour ce qu'on a pas pu payer, nous prendre le peu qu'on possède, quitte à nous détruire. Aucun dialogue n'est possible, ils sont assermentés. Ils ont prêté serment devant l'autorité des riches. Et c'est tout à leur intérêt parce qu'il se serviront largement au passage. C'est bien de nos galères qu'ils se sustentent.
Une amende impayée, un emprunt impossible à rembourser, des factures trop salées, la perte d'un boulot, la suppression des droits de chômage, une maladie impromptue... Les circonstances où nous sommes menés à nous frotter à ces sangsues sont nombreuses et le seront de plus en plus.

Mais Monsieur le Huissier est toujours là, prêt à s'en mettre plein les poches. D'abord il exercera une pression mentale, en envoyant des courriers austères et souvent incompréhensibles, qui annonceront le début des hostilités. Il n'hésitera pas à bloquer les comptes et retirer les maigres revenus s'il y en a. Si ça ne suffit pas, il viendra directement à domicile en compagnie des ses amis flics et serruriers et nous dépouillera, nous prendra tout, ne nous laissant q'un sentiment mêlé de rage et d'humiliation. Ce vol légal a un prix et c'est à nous encore de le payer.

Alors agissons dès maintenant en créant des liens de solidarité qui nous permettront de lutter contre nos ennemis les affameurs. Trouvons ensemble les moyens de s'opposer aux expropriations, aux coupures d'eau, d'électricité, aux expulsions... Refusons de continuer à engraisser ceux qui ont déjà la panse trop tendue.

Il ne tient qu'à nous de nous affranchir de exploiteurs et éliminer de nos vies tous les profiteurs de la misère. Prenons la liberté d'enfin VIVRE.


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A l'attention de Mr. Louis Sié Huissier de Justice assermenté

Sommation – Citation

Attendu que le rôle des huissiers est de participer au maintien de l'ordre des riches.
Qu'ils font partie des profiteurs qui s'engraissent sur nos misères.
Qu'en cette période d'austérité accrue, ils ne pourront se plaindre d'autre chose que d'avoir trop de travail.
Attendu que la Loi permet aux huissiers de s'introduire dans nos vies et des les monnayer quitte à les détruire.
Qu'ils n'hésitent pas à se faire accompagner d'un serrurier et d'un policier pour nous faire cracher ce qu'on n'a pas pu payer.
Attendu que nous ne reconnaissons ni l’État, ni la Loi.
Que nous refusons tout dialogue avec leurs intermédiaires.

Usons de tous les moyens pour nous débarrasser de ces sangsues et reprendre nos vies en main !

En conséquence des éléments précédemment cités, nous décidons, en ce jour de l'an deux mille douze, de procéder à la perturbation publique des activités d'un bureau d'huissier.

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Pas d'pitié pour les huissiers
(Sur l'air de Mylord - Edith Piaf)

Ne venez pas Mylord
Messieurs les huissier
Faut même pas essayer
D'venir nous expulser!  

Si jamais malgré tout
Vous approchez d'chez nous
Vous serez bien reçus
A grosses volées d'cailloux...  

Avec votre serrurier
Et puis votre policier
Tranquilles vous v'nez toquer
Et vous v'nez tout vider  

A vous tous qui vivez
Sur notre pauvreté
On s'laissera pas piller
Sans vous en faire baver...  

A toutes les charognes
Qui s'en foutent plein les pognes
Qui vivent de notre misère
"Rendez vous au cimetière!"  

Si jamais vous flippez
Faut changer demétier
Y a pas de bons huissiers
Comme y a pas d'bons policiers...