Prison de Forest
Dans le langage du pouvoir, la prison serait avant tout une « institution pour réintégrer », une sorte d’hôpital pour guérir la maladie de la délinquance. Elle serait en quelque sorte une « opportunité » offerte à ceux qui ont fait des erreurs pour réfléchir et se remettre « sur le droit chemin ».
A maintes reprises, nous avons expliqué en quoi la punition, la Justice, la peine de prison n’est pas une question de « justice » (si on veut utiliser ce mot-là), mais une mesure de protection de l’ordre établi. Nous avons décrit la prison comme une machine à broyer des êtres humains, comme un monstre à absorber les tensions sociales qui s’expriment entre autres à travers le « crime ». Que la visée de la prison est d’annihiler la personnalité des prisonniers, de les transformer en êtres obéissants et dociles.
Au-delà de la volonté des directions pénitentiaires, des juges, des gardiens, le fonctionnement même de la prison, son architecture, son appareil, détruit les hommes. Aujourd’hui, à la prison de Forest, un autre exemple triste et éclatant en est donné. Vu la « surpopulation » (plus de 700 détenus pour 400 « places »), les prisonniers qui souffrent de tuberculose ne peuvent pas être mis à part ou soignés… ce qui laisse libre cours à la contamination de toute la population carcérale. Et ne vous trompez pas sur les intentions « humanitaires » : si les gardiens de Forest dénoncent cette situation aujourd’hui, c’est parce que leur santé à eux aussi est compromise...
La prison ne guérit pas, elle rend malade. La tuberculose, maladie typiquement réservée aux pauvres et aux damnés de la terre, n’est que le signe visible du processus de putréfaction mis en place et cautionné par l’Etat dans ses prisons. Se battre contre, ce ne serait certes pas de faire appel aux médecins dans les prisons « à prendre leurs responsabilités », d’exiger la construction de nouvelles prisons « mieux adaptées » mais au contraire, d’aboutir à la conclusion logique que pour guérir, il faut de l’air, il faut la liberté, à tout moment et dans toute circonstance.