Depuis quelque temps, l'administration pénitentiaire cherche à appliquer des régimes individuels spéciaux pour mater les prisonniers récalcitrants, c'est-à-dire les prisonniers qui ne se laissent pas faire, qui n'acceptent pas d'être humiliés par les gardiens ou les juges, qui ne participent pas au sale jeu de balancer, qui ne se résignent pas aux conditions toujours affreuses des geôles de la démocratie belge.
En plus des modules d'isolement, ces vraies prisons à l'intérieur de la prison, à Bruges et à Lantin, plusieurs directions ont fait construire ou aménager des ailes ou des cellules de haute sécurité, comme à Nivelles, Ittre ou l'aile B à Saint-Gilles. Il s'agit souvent de ce qu'ils appellent des « cachots aménagés » : un cachot avec quelques trucs en plus, mais un cachot tout de même. Et si « normalement » la punition du cachot ne dépasse pas 14 jours, certains détenus peuvent se trouver dans ce genre de cachot pendant des mois, voire des années. C’est par exemple le cas de notre camarade de lutte Farid Bamouhammad, enterré dans un cachot à Nivelles depuis plus de 4 mois. Aucune direction, aucun gardien ne lui pardonne sa fierté et sa volonté inébranlable de ne pas accepter les vexations, de rendre coup pour coup s'il le faut, de ne pas marcher avec les mécanismes de délation et d’abus entre prisonniers. Voici comment il décrit sa situation et celle d'autres détenus : « C'est d'une violence inouïe ici. Tous les jours des gens sont tabassés. On vous laisse crever à petit feu dans un cachot, et si vous ne faites pas quelque chose, si vous ne vous occupez pas de n'importe quelle manière, vous avez dur. Vous devenez fou. »
Nordin Benallal est enfermé dans ce type de « cachot aménagé » à Ittre depuis octobre 2011, cela fera bientôt deux ans. Depuis octobre 2007, Nordin se trouve en isolement permanent, du QHS en Hollande à celui de Bruges, pour atterrir encore dans un cachot sans fenêtre, sans air frais. Toujours à Ittre, les travaux de réaménagement sont en cours pour mettre en place une aile de haute sécurité et y enfermer 30 détenus. Un prisonnier d’Ittre décrit l'aile ainsi : « Ils vont y mettre des gens qui dérangent, comme à Bruges, ce sera tout à fait pareil, c'est ignoble. »
La stratégie du chef des prisons belges, l'infâme Hans Meurisse, c'est de disperser géographiquement et mentalement les détenus combatifs, et de les soumettre à des régimes individuels d'isolement pour les séparer du reste de la population carcérale. Il compte ainsi briser les liens de solidarité et la dignité des combattants. Une liste noire a même été dressée pour déterminer la « dangerosité du détenu » et de lui appliquer les exceptions (légales ou moins légales) de mise à l’écart. Beaucoup de prisonniers se trouvent en isolement, avec des suivis particuliers et de permanentes mesures disciplinaires à leur encontre, sans que leur histoire soit connue, même à l'intérieur de la prison.
Si ces prisonniers combattent jour après jour pour rester debout et de ne pas étouffer, pour continuer à désirer la liberté et de ne pas succomber à la répression, il tient à nous qui sommes dans la rue, de leur apporter notre solidarité et notre soutien. Face à la répression et la torture, nous opposons la violence libératrice contre tout ce qui fait tourner la machine carcérale. Que la ténacité des prisonniers en lutte face à l'administration pénitentiaire nous encourage à la hardiesse révoltée envers cette société-prison.
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