Les gardiens et les directeurs de prison cloués
au pilori
Les basses manœuvres n'en sont pas restées là.
Quelques jours avant le procès, Hans Meurisse décide qu'il faut
appliquer à Farid le régime des entraves. A chaque fois qu'il sort
de sa cellule (douche, téléphone, promenade, parloir), on lui met
ces entraves. En plus, Farid a été pris par surprise par des
gardiens dans le cachot et il a reçu des coups de poings sans
pouvoir se défendre. A l'heure de l'écriture de cet article, Farid
est en grève de la faim et de la soif afin de mettre un terme à
cette situation insupportable. Soulignons encore que toujours plus de
prisonniers récalcitrants subissent des régimes spéciaux, que ce
soit dans les modules d’enfer à Bruges ou à Lantin, dans les
sections de sécurité renforcée comme à Ittre et Saint-Gilles. En
plus, on assiste à la « nouvelle » politique de régimes
individualisés afin de briser la résistance (isolement, supprimer
les visites, entraves, vexations).
Ce procès et toute cette situation laissent
effectivement voir que le monde pénitentiaire ne supporte pas la
moindre critique. Des tabassages, il y en a tous les jours. Des mises
en isolement, il y en a tous les jours. Des humiliations, c'est le
quotidien dans les prisons. Et la privation de liberté, la pire
torture qu'on peut infliger à un être humain, est l'essence même
de la prison. Mais nous n'avons pas peur de lutter, nous sommes fiers
de lutter côte à côte avec Farid et les autres prisonniers qui se
révoltent. Et que l'administration sache que rien ne restera sans
réponse, que la lutte saura mettre des bâtons dans les roues de la
machine carcérale.
Un extrait du tract distribué à Nivelles:
« Vous avez la
réalité en face de vous, n’avez-vous pas honte ? »
jetait Farid à la gueule des fonctionnaires pénitentiaires lors de
l’audience précédente. C’est bien là le sens de ce
rassemblement et la raison de notre solidarité. Bas les masques,
disons-nous, bas les masques des tortionnaires qui se cachent
derrière leurs uniformes et leurs syndicats de gardiens, bas les
masques des directeurs qui cautionnent ou organisent le terrorisme
des gardiens à l’encontre des prisonniers, bas les masques des
juges qui s’indignent par rapport aux situations dans les prisons
ailleurs dans le monde, mais se feignent aveugles pour ce qui se
passe sous leurs yeux. Bas les masques de tous ceux qui ne cessent de
répéter le vieil adage des serviteurs de l’autorité : « Je
n’ai que suivi des ordres. ». Et enfin, bas les masques de
tous ceux qui collaborent volontairement au quotidien avec le système
d’oppression et d’exploitation et disent aujourd’hui « Je
ne savais pas… »