Le meilleur de la semaine

“Celui qui habite une belle maison et roule avec une Jaguar ne doit pas s'étonner d'être cambriolé”. C'est ce qu'a entendu monsieur le banquier quand il est venu pleurnicher auprès de la cour après avoir été cambriolé pas moins de trois fois en un an. La troisième fois, il a dû céder sa Jaguar. Auparavant, le richard avait obtenu de l'État une prime de 6000 euros pour rénover sa maison de maître au bord d'un quartier de pauvres à Charleroi – du type de celles où habitaient les industriels d'antan – et y demeurer au moins dix ans. L'homme a cassé sa pipe précocement, et à l'heure, l'État réclame son argent. Le juge a été rappelé à l'ordre par le ministre de la justice De Clerck et l'entreprise Jaguar n'était pas contente non plus que ses voitures aient été qualifiées d'aimant à gangsters. Dans une lettre au juge: « Pour vous permettre de vous faire une meilleure perception de tout ceci [un hymne à Jaguar]et dans l'espoir que cela vous permette de mieux nuancer vos jugements à l'avenir, nous vous invitons volontiers à l'ouverture officielle prévue au mois d'avril [d'un concessionnaire à Charleroi]. Cela vous permettra de rencontrer directement les nombreux propriétaires enthousiastes de Jaguar et de vous assurer de leur fierté et passion. Peut-être qu'un essai sera une belle conclusion … » Attention aux roublards.




Nous qui pensions qu'on devait faire des siennes pour rendre clair le lien évident entre le tri obligatoire, l'intégration et le contrôle social… Depuis peu, la société de logements sociaux Foyer Bruxellois a muni d'un cadenas certains containers de déchets bleus et jaunes. Mais dans les containers d’habitation où les pauvres sont, à vrai dire, stockés, il parait que les habitants n’ont pas pu être domptés aussitôt au nouveau rythme de triage, ce qui demandait une nouvelle approche. Depuis lors, ceux-ci peuvent venir près des containers à heure fixe, deux heures par jour, sous stricte surveillance d'un maton de tri polyvalent, qui en même temps fait service auprès de l'agence de l'emploi locale. Celui-ci contrôle si le triage se passe bien comme il faut, et donne des explications, si nécessaire. Parallèlement, des grèves spontanées, ainsi que d'autres dirigées par les syndicats, ont éclaté auprès du personnel de ramassage, qui digère mal la pression de travail créée par le triage obligatoire.


Il y a des mois déjà que la patronne de Fedasil et politicienne du PS Isabelle Küntziger a tout planté. Elle a pris du congé de maladie, parce que les pagailles autour de l'accueil des demandeurs d'asile étaient devenu de trop. Récemment, elle a aussi démissionné. Une perte pour laquelle on ne va pas perdre sommeil. Depuis des mois, des demandeurs d'asile errent dans les rues de Bruxelles; une fois envoyés au CPAS, une autre fois hébergés dans des hôtels, ou dans d’ anciennes casernes militaires, parfois même dans des campements de la Croix Rouge. De temps en temps ils squattaient des maisons, d'où ils étaient expulsés avec la violence nécessaire. L'autre jour, les halls de la gare du Nord, où plusieurs familles logeaient, ont été vidés par la police et l'Office des Étrangers. Pas de quoi se mettre martel en tête : ce n'était pas ça qui préoccupait Isabelle. Elle avait assez de “la politique des frontières ouvertes” des socialeux. Quelle confusion...


L'État sait bien que la répression seule ne suffit pas. De temps en temps il doit lui taper sur les doigts, pour alimenter l'illusion de la démocratie. Après que Farid Bamouhammad a été traîné de prison en prison pendant des années (18 fois en 2 ans pour être précis), enfermé au cachot, passé à tabac ou menotté par les pieds et les mains – dans une tentative de briser sa résistance – l'État admet à l'heure que l’administration pénitentiaire a outrepassé ses instructions. Il a même offert à Farid Bamouhammad un pots-de-vin de 5000 euros. Cependant, Farid est enfermé à Nivelles, où il est toujours détenu en régime spécial (visite dans une salle à part, derrière carreaux etc.) et où les matons, eh oui, menacent d'entamer une grève s'il ne soit pas transféré aussitôt. Parlons d'ironie amère.