L’administration d’une ville dispose de différents moyens pour contrôler les endroits où les gens habitent ou se rassemblent. Une tactique utilisée dans beaucoup de villes est de nettoyer les quartiers « pauvres ». On expulse quelques personnes, on démolit ou on rénove une grande partie des habitations existantes, on construit de nouvelles maisons qui ont l’air plus ou moins mieux. Encore quelques petits parcs et quelques magasins et le tour est joué. Les loyers explosent et par contrainte, les indésirables n'y pointent pas le nez. Le quartier se transforme, habité par des gens avec un pouvoir d’achat un peu plus adéquat. Une autre tactique avidement expérimentée, c’est l’organisation des transports en commun. C’est très simple. Dans d’autres pays, cette tactique est utilisée de manière très frappante. Quand on préfère que tous ces jeunes zonards des quartiers pauvres ne viennent pas dans le splendide centre-ville, on fait en sorte qu’ils ne puissent simplement pas y arriver. Pas trop d’investissements donc dans les lignes de bus et de tram qui font la connexion. Dans les villes belges, ils préfèrent nous prendre financièrement par les couilles. Ils font en sorte que cela devienne presque impossible de ne pas payer quand on monte dans le bus ou le tram, espérant que nous, le rebut, de toute façon au chômage, réfléchirons à deux fois avant de nous rendre hors des frontières de notre quartier. Mais non, on est gentiment sollicité à acclamer toutes ces nouveautés et à comprendre leurs côtés positifs. Il s’agit quand même d’urbanisation, de revalorisation et de progrès. Mais t'aurais dû le dire plus tôt ! Vas-y, bats-moi à plate couture ! Ce progrès, je l’ai attendu toute ma vie... Non, toute cette gestion de la ville ne rate pas son but. Mais il faut l’avouer, ça prend parfois pas mal de temps. Un peu de créativité s’il vous plaît. Des solutions rapides pour des problèmes qui l’exigent. Voilà des années que chaque été, des tsiganes campent sur la même parcelle d’herbe à Neder-Over-Hembeek, Bruxelles. Des politiciens et des riverains trouvaient que là, la coupe était pleine avec toute cette intolérable tolérance. Cette année, ils n'en veulent plus et ils ont voulu semer de la moutarde (des sénevés) à cet endroit. Ainsi, le sol deviendrait trop délié pour pouvoir encore supporter une voiture, voire une vingtaine de roulottes. L’échevin des Espaces Verts, Bertin Mampaka (CDH) n’a rien à se reprocher car lui, il avait plein de bonnes intentions. « Ces plantes sont bien pour la biodiversité à Bruxelles, et oui, c’est vrai (je n’avais pas encore pensé à ça), ainsi, camper deviendrait difficile. » C’est comme ça qu’on les connaît, les politiciens, tout pour le climat. Finalement, le conseil communal n'a pas laisser passer le plan moutarde car il semble que ces plantes se répandent assez facilement et qu’elles se laissent difficilement exterminer. Et comme, sur ce plan-là, ils ont déjà assez de difficultés avec les gitans, ils ont ordonné de bêcher tout le terrain, ce qui devrait avoir plus ou moins le même effet que le plan moutarde. Mais « pas de panique » nous disaient encore les politiciens, « en 2011, un nouveau terrain, à Haren, serait ouvert pour les tsiganes » Chouette ! Haren se trouve plus ou moins à la même distance de la Bourse bruxelloise que l’hôtel communal de Louvain. Mais bon, peut-être que le but n’est pas tout à fait que les tsiganes organisent encore pleins d’excursions vers la ville. Où est-ce que je suis le seul à lire un peu de cynisme dans cette annonce ? Car à Haren, on commencera bientôt la construction d’une super-prison pour plus d'un millier de détenus. Mais ce lien, c’est certainement à cause de notre attitude négative qu’on l’a interprété ainsi. Toutefois, il me semble que cette prison deviendrait une nouvelle maison pour plein d’indésirables… et si nous allions semer de la moutarde et des sénevés là-bas avant que leur chantier de merde arrive…
PS : Dans la catégorie des solutions créatives, je pense que dans le jardin de monsieur Bertin Mampaka, dans la rue Beyseghem 254 à Neder-Over-Heembeek, il y a encore un peu de place pour poser des roulottes.