Désastre nucléaire! Le monde tourne mal

Un tremblement de terre de 8.8 sur l'échelle de Richter. Premières secousses, nouvelles secousses. Un tsunami inondant de larges parties du pays. Le nombre de morts est estimé à plusieurs milliers. Des villages entiers sont balayés. Ce n'est pas le premier séisme qui touche le Japon, bien que celui-ci soit particulièrement violent. Avec des conséquences plus importantes. Le Japon compte 17 centrales nucléaires, avec au total pas moins de 55 réacteurs nucléaires. Dans la centrale de Fukushima, la situation tourne au désastre nucléaire. Suite au séisme, le système de refroidissement s'est éteint dans au moins trois des six réacteurs. Alors, ils surchauffent et peuvent fondre, ou peut-être ont-ils déjà fondus. Dans trois bâtiments, une explosion ou un incendie s’est produite. Des « problèmes » sont annoncés dans d'autres centrales, mais on n’en sait pas plus. Quand, lors des premières heures des soucis nucléaires, les autorités japonaises proclamèrent l'état d'urgence, elles annoncaient en même temps qu'il n'y avait aucun danger pour les riverains. Ha. Un peu plus tard, elles annonceront pourtant qu’il vaut mieux fermer les portes et les fenêtres dans un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale. Puis, ce rayon s'est agrandi et tous les habitants de la région ont été soumis aux contrôles des hommes en blouses blanches, avec leurs masques et leurs mesureurs. Et maintenant, l'évacuation de toute la région est en cours, plus de 200 000 personnes. D'autres pays font juste partir leurs ressortissants du Japon. Le gouvernement doit peu à peu admettre qu'il y a un grand danger pour la population.

En Belgique, les infos sur la catastrophe au Japon arrivent au moment où les lobbies nucléaires entament une nouvelle offensive. Reportages télé, rapports, « une » des journaux, ministres aux allures de perroquet. Tous les moyens sont à nouveau employés pour nous dépeindre le désastre qui nous attend à défaut d’énergie nucléaire: déficits d'électricité, émission de CO2 élevée, dépendance des fournisseurs étrangèrs. Honnêtement, peu importe que l’entreprise qui vient nous couper l’électricité quand on ne veut ou ne peut plus payer les factures soit étrangère ou nationale. Dépendance, menace de déficits, on s'y connait, grâce aux compagnies qui se remplissent les poches de thunes avec l'énergie nucléaire. Le gouvernement belge avait aussi entamé sa campagne d'information autour des centrales nucléaires existantes. Que faire en cas de catastrophe? Peut-être se cacher en dessous de la chaise? Comme si un désastre nucléaire était quelque chose que l’on pouvait apprendre à manier. La radiation nucléaire qui se propage pendant de décennies avant de disparaître, l'augmentation de cancers auprès des prochaines générations. Mieux vaut ne pas être dans les environs. Et c'est plutôt difficile dans un petit pays comme la Belgique. L'État distribue déjà des pilules d’iode aux 2,4 millions de riverains vivant à proximité des centrales nucléaires. Et alors, le périmètre de 20 kilomètres qu'ils manient est minimal. Évidemment, face au désastre sans retour, les scientifiques se hâtent de prêcher qu'un tel séisme était bien extraordinaire. Mais le problème ne réside pas dans ces seules catastrophes. Les rapports de sécurité qui arrivent à nos oreilles parlent déjà de fuites régulières. Des erreures humaines (sous la pression productiviste intrinsèque à chaque usine), les machines qui ne coopèrent plus. Tous des « imprévus ». Sont-ils moins réels pour autant? Combinés à la technologie mortifère, ce ne sont pas de simples « accidents ». Dans ce sens, il reste difficile à comprendre comment un pays qui a été touché par la force destructive d'une bombe atomique peut accueillir tant d'industries qui s'appuyent sur cette même force destructive. Le profit pardonne beaucoup dans ce monde.